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Photo du rédacteurBernard Vivier

Des élections en cachent d’autres

Après les deux scrutins politiques (élection présidentielle, élections législatives), aurons-nous à gérer un « troisième tour social » ? Le climat social est incertain et fragile.


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Plus profondes et non moins redoutables que les mouvements sporadiques de colère sociale, les évolutions du climat social sont marquées par l’indifférence voire le rejet des structures traditionnelles de la régulation sociale. Syndicats et managers en entreprise sont concernés.


A l’évidence, gérer le climat social en France et dans les entreprises ne va pas être dans les temps à venir, une agréable et fraiche promenade printanière.


Les dictons populaires de la météo sont à prendre avec prudence. « En avril, ne te découvre pas d’un fil » : soit. Mais attention à ne pas être trop confiant et considérer « qu’en mai, fais ce qu’il te plait ».

Le paysage politique vient de confirmer Emmanuel Macron à la présidence de la République ; il n’est pas stabilisé pour autant.



L’extrême-gauche et l’extrême-droite sont en embuscade pour les élections législatives des 12 et 19 juin. La montée des abstentionnistes souligne l’indifférence, voire même le rejet de nombreux citoyens à l’encontre de la représentation politique actuelle.


Le programme social du président de la République était très construit en 2017 et les réformes soigneusement planifiées. En 2022, rien de tel et l’agenda social du nouvel exécutif reste à construire, alors que les partenaires sociaux ne gardent pas un souvenir ému (c’est beau, les euphémismes !) de la concertation avec le président de la République ces cinq dernières années.


- Un climat social incertain et fragile -


Ces observations sur le climat politique et social au niveau national ont des applications comparables sur l’évolution du climat social sur les lieux de travail.


L’année 2022 et, surtout, l’année 2023 sont deux années de très nombreuses élections CSE. Des phénomènes proches de ce que l’on observe sur la scène nationale grandissant en importance :

- des revendications fortement centrées sur le pouvoir d’achat dans un contexte de reprise brutale de l’inflation ;

- une montée de l’abstention aux élections CSE, tout particulièrement chez les jeunes générations de salariés ;

- une indifférence grandissante à l’égard des syndicats et des formes traditionnelles de la représentation collective ;

- des mouvements collectifs, des débrayages dans certaines entreprises qui reprennent les revendications et empruntent les modes d’action des Gilets jaunes ;

- une difficulté des managers -et tout particulièrement des managers de proximité- à conjuguer au quotidien la gestion sociale de leurs équipes et la gestion des contraintes de production, dans un espace-temps toujours plus exigeant.


Entre le risque de l’indifférence et celui de la colère, le corps social peut être traversé dans les temps à venir par des expressions difficiles à maîtriser et même à anticiper.


- Structurer la régulation sociale -


Cela conduit à structurer davantage encore la régulation sociale :

- par l’installation ou l’accentuation des valeurs sociales que sont l’écoute, la considération, la gestion du temps court pour résoudre les petits problèmes ainsi que la gestion du temps long pour ancrer une politique sociale durable ;

- par la formation des managers de proximité à la conduite des relations sociales au quotidien ;

- par le soin apporté à la participation du plus grand nombre de salariés aux élections CSE à venir, lesquelles mesurent la légitimité des instances représentatives du personnel ;

- le déploiement des efforts pour que les candidatures aux fonctions de représentant du personnel soient de la meilleure qualité possible (professionnelle, humaine).


Les élections professionnelles en entreprise en 2022-2023 ne débouchent pas sur les mêmes conséquences que les élections politiques. Elles sont pourtant marquées par les mêmes évolutions de la société et du monde du travail.


Elles sont, comme pour la vie politique, une invitation à travailler deux notions importantes d’une bonne régulation sociale : considération portée aux personnes, rapidité des réponses aux préoccupations quotidiennes des salariés et des équipes.

Pages retrouvées


Alexis de Tocqueville et la révolution de 1848 Le 29 janvier 1848, Alexis de Tocqueville prononce un discours à la Chambre des députés. (Le Moniteur du 30 janvier 1848) Député de la Manche depuis près de dix ans, issu de la noblesse normande et porteur des idées libérales, son adresse aux députés sonne comme un avertissement prémonitoire. La révolution éclate le 28 février suivant ; Louis-Philippe abdique le 24 février ; la deuxième République est proclamée. * * * « ... On dit qu’il n’y a point de péril, parce qu’il n’y a pas d’émeute ; on dit que, comme il n’y a pas de désordre matériel à la surface de la société, les révolutions sont loin de nous. « Messieurs, permettez-moi de vous dire que je crois que vous vous trompez. Sans doute, le désordre n’est pas dans les faits, mais il est entré bien profondément dans les esprits. Regardez ce qui se passe au sein de ces classes ouvrières, qui, aujourd’hui, je le reconnais, sont tranquilles. Il est vrai qu’elles ne sont pas tourmentées par les passions politiques proprement dites, au même degré où elles en ont été tourmentées jadis ; mais, ne voyez-vous pas que leurs passions, de politiques, sont devenues sociales ? Ne voyez-vous pas qu’il se répand peu à peu dans leur sein des opinions, des idées, qui ne vont point seulement à renverser telles lois, tel ministère, tel gouvernement même, mais la société, à l’ébranler sur les bases sur lesquelles elle repose aujourd’hui ? N’écoutez-vous pas ce qui se dit tous les jours dans leur sein ? N’entendez-vous pas ce qui qu’on y répète sans cesse que tout ce qui se trouve au-dessus d’elles est incapable et indigne de les gouverner ; que la division des biens faite jusqu’à présent dans le monde est injuste ; que la propriété repose sur des bases qui ne sont pas les bases équitables ? Et ne croyez-vous pas que, quand de telles opinions prennent racine, quand elles se répandent d’une manière presque générale, que, quand elles descendent profondément dans les masses qu’elles doivent amener tôt ou tard, je ne sais pas quand, je ne sais comment, mais qu’elles doivent amener tôt ou tard les révolutions les plus redoutables ? »

Souvenirs, par Alexis de Tocqueville, Gallimard, Folio Histoire, 2004

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