Un congrès confédéral est un moment important de la vie d'une organisation syndicale. Celui de Force ouvrière est toujours particulièrement soigné. Il a réuni du 14 au 18 février à Montpellier 3640 participants, dont 2710 mandatés : un chiffre qu'aucune organisation politique, syndicale ou associative n'a dépassé à ce jour.
Dix-huit mois de préparation et la mobilisation de 280 militants de l’Union départementale de l’Hérault ont été nécessaires pour accueillir les 2700 délégués et les 500 invités français et étrangers du XXIIème congrès. Un rapport d’activité de presque 180 pages a servi de support aux débats. Faisant une part massive au concept de « République sociale », ce rapport d’activité a aussi présenté les positions défendues par FO en matière de politique économique et de salaires, de garanties collectives et, sur un chapitre entier, l’analyse par FO de la loi de 2008 établissant la mesure électorale de la représentativité syndicale. Ce rapport d’activité contenait deux surprises : la présentation des comptes de la confédération et le compte-rendu de la délibération sociale sur la modernisation du paritarisme.
Les finances confédérales
Concernant les comptes confédéraux, le rapport met en avant l’opposition de FO à la loi du 20 août 2008, et donc à l’obligation qu’elle comporte pour les organisations syndicales de publier des comptes certifiés, alors que certaines entreprises n’en ont pas l’obligation. Cette entorse à la « liberté syndicale » est la première relevée par un congrès qui n’a cessé de les dénoncer jour après jour. En une semaine, FO a passé en revue presque toutes les avancées sociales depuis la loi sur les syndicats de 1884 pour fustiger leur destruction par les pouvoirs publics et le patronat. Toutefois, pour respecter ses obligations légales, la Confédération a fait connaître son budget des trois dernières années, excédentaire d’un million six cent vingt cinq mille euros. Les ressources propres issues des cotisations, des abonnements à FO Hebdo et de ses recettes publicitaires, ainsi que de la vente d’objets publicitaires, sont restées stables de 2006 à 2009, à hauteur de 12 millions d’euros. Les subventions publiques (environ 3 millions d’euros), les revenus de la formation syndicale (5,5 millions d’euros) et la contribution financière au fonctionnement du paritarisme (3 millions d’euros), constituent les autres principaux postes de recette, globalement stables sur les trois dernières années.
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L’excédent budgétaire affiché tient donc à la gestion prudente des dépenses plutôt qu’à un accroissement des recettes. Pourtant, le poste « charge de personnel » a fait un bond de + 1,5 million d’euros en trois ans, et la confédération a acheté à la ville de Paris en février 2010 le terrain sur lequel son siège est construit. Mais de nouvelles règles de mise en concurrence des fournisseurs, de renégociations des contrats, de suppression des intermédiaires et de rigueur comptable ont permis de faire décroître les frais de fonctionnement de 10, 8 millions d’euros en 2007 à 7,4 millions d’euros en 2009. Certes, les comptes livrés aux délégués sont encourageants, mais leur interprétation reste ardue, comme c’est de coutume à Force Ouvrière. Ainsi, un graphique illustrant l’évolution des recettes nettes de cotisations de 2006 à 2009 ne présente que... quatre barres horizontales de longueur inégale, sans aucune référence chiffrée pour en expliquer la signification...
Le paritarisme en peu de mots
Le chapitre dédié au paritarisme est encore plus laconique. Force Ouvrière exprime depuis toujours son attachement à la politique contractuelle et au paritarisme comme gage d’une égalité des droits des salariés dans la gestion des institutions qui relèvent du contrat de travail, laissant à l’Etat ce qui relève de l’intérêt général. Pourtant, la présentation de la délibération sociale sur la modernisation du paritarisme, engagée entre les partenaires sociaux le 23 décembre 2009, ne compte qu’une demi-page, contre 8 pages et demi consacrées à la négociation dans la fonction publique.
Les autres chapitres du rapport d’activité donnent une lecture propre à FO de l’actualité internationale, économique et sociale. Il se termine sur un important chapitre de 27 pages consacré au développement de la syndicalisation, comme une ultime réponse aux défis posé à la confédération par la loi du 20 août 2008.
C’est sur la base de ce rapport d’activité que les délégués ont débattu des orientations à venir pour les trois prochaines années. Elles ont fait l’objet de cinq résolutions : une résolution d’orientation générale, une résolution sociale et une autre spécifique à la protection sociale collective, une résolution sur le développement de FO, et enfin une résolution consacrée à l’outre-mer.
Côté organisation du congrès, FO a également mis en place des moyens importants : les débats, filmés en direct et retransmis sur plusieurs écrans dans la salle, ont également été en partie mis en ligne en temps réel ou presque, sur le site internet de la confédération. Un numéro spécial congrès de FO Hebdo a été diffusé chaque jour à 3000 exemplaires.
Au-delà des moyens et des débats d’actualité, le XXIIème congrès de Force Ouvrière était aussi l’occasion de rappeler l’histoire : une exposition de toutes les affiches du 1er mai depuis 1946 était offerte au regard des militants, dans la grande tradition syndicale d’une action enracinée dans le temps et dans l’action.
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