Un an après son lancement, la refondation sociale affiche un premier bilan en demi-teinte.
La refondation sociale affiche un bilan plutôt modeste au terme d’un an de négociations : deux accords seulement ont été signés, les délais - présentés au départ comme impératifs - n’ont pas été tenus et Force ouvrière n’a pas rejoint les signataires. De plus, l’année 2000 s’est achevée sur un échec dans le dossier des retraites complémentaires, les syndicats retrouvant même une certaine unanimité pour manifester leur opposition aux conséquences possibles de ce désaccord pour les retraités et préretraités.
Pourtant rien n’est joué. La refondation continue. Les négociations vont se poursuivre sur cinq des huit chantiers initialement prévus, et sans doute même six, les partenaires sociaux pouvant difficilement se satisfaire de leur échec sur les retraites complémentaires.
Parmi ces différents thèmes de négociation, s’il en est un qui focalisera les attentions en ce début d’année et pourrait même être décisif pour l’avenir de tout le processus de refondation sociale, c’est celui de la réforme de la formation professionnelle.
Plutôt technique en apparence, ce dossier recèle en effet de multiples enjeux.
À commencer par celui de l’adaptation des emplois peu qualifiés à l’évolution rapide de l’appareil de production de notre pays exigée par la compétition internationale. Le paradoxe d’un taux élevé de chômage alors que les entreprises peinent aujourd’hui à recruter le personnel nécessaire est à cet égard révélateur d’un dysfonctionnement non seulement dans l’organisation de la formation initiale en France, mais aussi d’une insuffisance de la formation professionnelle continue.
Par ailleurs ce dossier constitue, au sein de la délégation patronale, un test important de la capacité du Medef et de la CGPME à s’accorder sur des principes clefs de la refondation comme les rôles respectifs de la branche professionnelle et de ses organismes par rapport à l’entreprise et aux négociations à ce niveau.
Il permettra également de vérifier dans quelle mesure, après le départ de Martine Aubry, les partenaires sociaux et le gouvernement ont retrouvé la capacité de discuter sur leurs prétentions respectives à réguler les relations sociales. En effet, comme pour le dossier de l’assurance chômage, il n’est guère envisageable que les partenaires sociaux puissent s’accorder sur une réforme de la formation professionnelle sans se soucier des adaptations législatives nécessaires et des implications de l’Etat en la matière, sous peine d’un nouveau blocage.
Enfin, la réforme de la formation professionnelle soulève de nombreuses questions à l’heure d’une mobilité accrue du personnel, celle d’un droit transférable du salarié à la formation ou celle du co-investissement par exemple. Les résoudre exigera certainement des organisations syndicales comme des organisations professionnelles de dépasser nombre d’habitudes et de principes anciens. De leur capacité ou non à innover ensemble sur ces sujets dépendra leur crédibilité et donc leur légitimité concrète à revendiquer un retour à davantage d’autonomie par rapport à la tutelle de l’Etat.
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