top of page
Photo du rédacteurBernard Vivier

L'année sociale 2008 en librairie

La production d'ouvrages traitant des questions sociales et syndicales aura été pour cette année 2008, d'un certain classicisme. Depuis l'accord et la loi de modernisation du marché du travail jusqu'aux élections prud'homales du 3 décembre en passant par la position commune et la loi sur la représentativité syndicale ou encore par les questions touchant aux finances syndicales et patronales, les événements n'ont pas manqué pour susciter la rédaction d'ouvrages.


Ceux publiés par les éditeurs français demeurent modestes en nombre, si l’on se rapporte aux milliers d’ouvrages publiés sur la même période dans les multiples domaines de l’activité intellectuelle. Ils marquent peu une ouverture des recherches vers les questions européennes et donnent toujours aux relations sociales une lecture privilégiant le conflit comme sujet d’études.


On trouvera ici la présentation de près de soixante ouvrages publiés en 2008, présentation que nous adressons en clin d’œil amical au professeur Paul-Henri Antonmattei, qui nous a fait découvrir le livre consacré au Syndicat des Travailleurs Corses et sans qui les Travailleurs Corses nous seraient donc restés inconnus...

1. Biographies et témoignages

Le 26 septembre 2007, un article du Figaro faisait éclater l’affaire UIMM. Mis à part deux ou trois ouvrages - de mauvaise qualité - sur les finances syndicales et patronales, aucun ouvrage n’est encore sorti pour situer les événements dans leur contexte, les mettre en perspective et pour analyser les évolutions du monde patronal. Deux ouvrages sont cependant en préparation, à paraître en 2009.


A noter malgré tout le livre de Fanny Guinochet sur Laurence Parisot, qui décrit la personnalité de la présidente du MEDEF (voir Etudes sociales et syndicales 28 juillet 2008 : Laurence Parisot, une femme en guerre ?)



Coté syndical, on notera les livres d’entretiens réalisés par deux leaders syndicaux. La proximité des élections prud’homales (3 décembre 2008) n’aura pas été pour rien dans la parution de ces ouvrages à l’automne 2008.

Laurence Parisot, une femme en guerre, Fanny Guinochet, L’Archipel, 2008, 264 pages, 17,95 €. Si on me cherche..., François Chérèque avec Carole Barjon, Albin Michel, 2008, 316 pages, 19 €.

Ensemble, militer autrement, Jacques VOISIN avec Philippe Arondel, Desclée de Brouwer, 2008, 160 pages, 15 €.



Deux témoignages CGT sont à noter : celui de Georges Séguy, secrétaire général de la CGT de 1967 à 1982, et celui de Marius Apostolo, responsable du secteur immigration de la CGT dans les années 1970. Résister, de Mathausen à mai 68, Georges Séguy, L’Archipel, 2008, 230 pages, 18,95 €. Traces de luttes. 1924-2007, Marius Apostolo, Autrement, collection Mémoires, 2008, 200 pages, 19 €.

Un ouvrage particulièrement intéressant porte un regard sur les engagements de militants syndicaux de terrain de différentes sensibilités : Le syndicalisme autrement. Ces militants qui changent les relations de travail, Michèle Millot et Jean-Pol Roulleau, L’Harmattan, 2008, 288 pages, 25,50 €.

Si le personnage n’est pas un dirigeant syndical, il occupe aujourd’hui, dans l’espace de la contestation politique et sociale, une place essentielle. Olivier Besancenot - c’est de lui qu’il s’agit - vient de faire l’objet de deux biographies : Olivier Besancenot. L’irrésistible ascension de l’enfant de la gauche extrême, Eric Hacquemand, Ed du Rocher, 2008, 304 pages, 17 €.



L’effet Besancenot, Denis Pingaud, Le Seuil, 2008, 190 pages, 16 €.

Belle figure du syndicalisme paysan confronté aux mutations du monde rural pendant toute la seconde moitié du XXè siècle, Michel Debatisse est ici le sujet d’une biographie sensible, qui nous donne à comprendre ce qu’est l’engagement d’un jeune auvergnat à la Jeunesse agricole chrétienne, en syndicalisme et en politique.

Michel Debatisse ou la révolution paysanne, Claude Goure, Ed Desclée de Brouwer, 262 pages, 20 €.

Dans le jargon de l’édition, une biographie « non autorisée » est celle où la personne qui est au centre des recherches n’a pas souhaité répondre aux demandes de rencontre que les auteurs ont pu lui adresser. Ce refus de rencontre n’est pas aussi rare qu’on peut le croire. Laurence Parisot a eu cette attitude à l’égard de Florence Guinochet, journaliste à Liaisons sociales. Xavier Bertrand a agi de même avec les deux journalistes, l’un du Monde, l’autre de La Chaîne Parlementaire qui enquêtaient sur lui.


Cela est bien dommage car les motivations, les intentions, les explications du passé, les projets et les ambitions à venir auraient gagné à être décrites à travers l’analyse directe de l’actuel ministre du travail. En sens inverse, les auteurs racontent les pressions exercées sur eux par le chef de cabinet de Xavier Bertrand pour dissuader ou, à tout le moins, influencer la rédaction de cette biographie. La personnalité de l’intéressé, qui est décrit comme un ambitieux travailleur, sympathique et au grand savoir-faire, prend ici une dimension plus sombre. Le chouchou. Le fabuleux destin de Xavier Bertrand, Christophe Jakubyszyn et Muriel Pleynet, Anne Carrière, 2008, 272 pages, 19 €.



Un autre témoignage intéressant : celui d’Henri Vacquin, ancien militant communiste devenu consultant en entreprise : Mes acquis sociaux, Henri Vacquin, Le Seuil, 216 pages, 15 €.

A lire aussi, les souvenirs d’un ancien anarcho-syndicaliste. L’auteur fut l’une des figures du syndicalisme du Maine et Loire, tout à la fois anarchiste, pacifiste, antimilitariste, anti-clérical et hygiéniste. Ses mémoires se prolongent par un Journal de guerre 1939-1945. Carnets de luttes d’un anarcho-syndicaliste (1896-1945), François Bonnaud, Ed Agone, 2008, 320 pages, 20 €.

2.Organisations syndicales

Par delà les témoignages des dirigeants syndicaux qui viennent d’être cités, quelques livres viennent d’être publiés sur les organisations syndicales.


Syndicalistes ! De la CFDT à la CGT, coordination Paule Masson, Ed Syllepse, 2008, 176 pages, 15 €. Préfacé par Bernard Thibault, coordonné par la journaliste de la rubrique sociale de L’Humanité, ce livre décrit les itinéraires et les motivations de sept militants CFDT qui ont rejoint la CGT ces dernières années.

Qu’est-ce que l’Union syndicale Solidaires ? Ed de L’Archipel, collection L’information citoyenne, 2007, 160 pages, 10,50 €. Il s’agit là d’une nouvelle édition solidement actualisée d’une force syndicale au sein de laquelle les syndicats SUD prennent une grande place et qui a réalisé une percée électorale au scrutin prud’homal du 3 décembre 2008.


Cadres, salariés à part entière, CFDT Cadres, 2008, 266 pages, 14 €. Ce numéro de la revue des cadres CFDT raconte l’histoire de l’Union confédérale des ingénieurs et cadres CFDT, créée en novembre 1967, et, à travers elle, toute la réflexion de la CFDT sur une catégorie de la société devenue très sensible aux mutations.



L’argent noir des syndicats, Roger Lenglet, Jean-Luc Touly et Christophe Mongermont, Fayard, 2008, 294, pages, 19 €. Quelques engagements syndicaux permettent aux auteurs de se donner le rôle de redresseurs de torts. L’ouvrage reste dans la dénonciation de pratiques obscures. Il alimente les critiques sur le syndicalisme, sans rien apporter de constructif.


Le syndicalisme au défi du 21ème siècle, coordination René Mouriaux et Jean Magniadas, Ed Syllepse, collection Espaces Marx, 2008, 240 pages, 18 €. De tous les ouvrages publiés en 2008, il est le seul à porter un regard appuyé sur les réalités sociales internationales. Cela permet, au passage, d’observer la difficulté que nous avons encore, en France, à intégrer nos problématiques sociales et syndicales dans le contexte plus large du marché du travail européen et mondial. Sur le fond, les contributions procèdent d’une lecture des réalités du monde du travail qui trouve bien sa place dans une collection intitulée « Espaces Marx », un personnage né et mort au 19ème siècle. La réflexion en souffre forcément.


Trois ouvrages portent un regard sur l’action syndicale dans les régions françaises, à travers l’histoire de trois unions régionales de la CFDT. La démarche est à encourager, tant les bibliothèques d’histoire sociale sont riches sur le passé des confédérations et sont pauvres sur le passé des fédérations et des régions, alors que ces niveaux s’avèrent très importants dans la structuration de l’action collective.

Un siècle de combat syndical. L’histoire de la CFTC-CFDT du Nord Pas de Calais. 1893-1998. Bruno Béthouart, CFDT Arhos, 2007, 200 pages, 20 €. Faire l’Histoire ensemble. La CFDT en région Ile de France. 1887-1990. Jo Bibard, Ed La Toison d’Or, 2007, 400 pages, 20 €. L’histoire de notre avenir. La CFDT en Languedoc Roussillon de 1972 à 2002. URI CFDT, 2007, 350 pages.

Le Syndicat des Travailleurs Corses (STC), Pierre Poggioli, DCL Editions, 2008, 332 pages, 22 €. Très proche des milieux autonomistes corses, le STC est né en 1984. Il est devenu la première organisation de l’Ile et attire à lui près d’un électeur salarié sur trois. Le conflit spectaculaire de la SNCM, à l’automne 2005 (prise du « Pasquale Paoli ») illustre les orientations et les méthodes d’un syndicat qui se veut « spécifique et identitaire ».

La naissance du syndicalisme postal, Frédéric Pacoud, Comité pour l’histoire de La Poste, 2008, 124 pages, 6 €.

3. Conflits, négociations, relations professionnelles

Plusieurs ouvrages viennent de sortir, qui ont pour thème les conflits sociaux, actuels ou passés. Ils témoignent de la place importante qu’occupe cette question dans les préoccupations des acteurs, des chercheurs et historiens, au regard de celle qu’occupe la question de la négociation, qui fait l’objet de moins de recherches, d’analyses.

Le premier de ces livres, notamment, s’efforce de montrer les manifestations et les causes de la conflictualité dans les secteurs économiques qui ne sont pas tous marqués par une tradition industrielle. Histoire de prendre à contre-pied la déclaration du président de la République, le 5 juillet 2008 : « Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s’en aperçoit ».

La lutte continue. Les conflits du travail dans la France contemporaine, collectif, Editions du croquant, 2008, 160 pages, 13,50 €.

La grève, Guy Groux et Jean-Marie Pernot, Les Presses de Sciences Po, 2008, 160 pages, 10 €.



Les grandes luttes de la France ouvrière, Alain Rustenholz, Les Beaux jours, 2008, 288 pages, 29 €.


Déposséder les possédants. La grève générale « aux temps héroïques » du syndicalisme révolutionnaire (1895-1906), Ed Agone, 2008, 272 pages, 18 €.



Deux livres, qui sortent du cadre strict des relations professionnelles traditionnelles, permettent de se remettre en mémoire ou de découvrir - selon l’âge du lecteur - le climat de guerre sociale des années 1970 en France. Le premier, rédigé par un policier ayant participé à l’arrestation de Nathalie Ménigon et Jean-Marc Rouillan, décrit la dérive criminelle des jeunes gauchistes d’Action directe. Le second est le récit de l’infiltration de la Gauche prolétarienne par les services de police, après l’assassinat de deux CRS en juin 1968 à Sochaux. La violence des actes et des passions est ici décrite sur un style particulièrement vivant et troublant.

Les stores rouges. Au cœur de l’infiltration et de l’arrestation d’Action directe, Jean-Pierre Pochon, Editions des Equateurs, 2008, 284 pages, 19 €. L’arme à gauche, David Defendi, Flammarion, 2008, 304 pages, 18 €.



Plusieurs livres fournissent des analyses sur les relations professionnelles, dans une approche embrassant tout à la fois négociation et conflits. On peut penser que cette catégorie de livres va se développer dans les temps à venir, tant les effets de la loi du 20 août 2008 sur la représentativité syndicale et sur la négociation collective entraînent d’interrogations et de demandes de précisions, touchant à sa mise en œuvre.

France, l’introuvable dialogue social, Jean-Paul Jacquier, Presses universitaires de Rennes, 2008, 172 pages, 14 €. Revendiquer et s’organiser ! Représentativité syndicale et démocratie sociale, coordination Louis-Marie Barnier, Fondation Copernic, Ed. Syllepse, 2008, 144 pages, 9,50 €. Sociologie du travail : les relations professionnelles, Antoine Bevort et Annette Jobert, Armand Colin, 2008, 268 pages, 25 €. Les lois Auroux 25 ans après, 1982-2007. Où en est la démocratie participative ? sous la direction de Jacques Le Goff, Presses universitaires de Rennes, 2008, 166 pages, 15 €. Rapport annuel sur l’état de la fonction publique, DGAFP, La Documentation française, 2008, 2 volumes. Les relations sociales en entreprise, collectif, La Découverte, 2008, 456 pages, 29 €. Les prud’hommes. Actualité d’une justice bicentenaire, direction Hélène Michel et Laurent Willemez, Ed. du croquant, 2008, 256 pages, 22 €. Code pratique des prud’hommes, par Guy-Patrice Quétant, Editions Resoc, 2008, 36 €. Cette 9ème édition est à jour de l’ensemble des réformes de 2008 : recodification du code du travail, lois sociales de 2008.

Les prud’hommes, une justice différente pour agir et faire valoir les droits des salariés, CGT, VO Editions, 2008, 128 pages, 10 €.



Dans cette rubrique, il convient de remarquer les efforts entrepris par les éditeurs dans la publication du code du travail 2008. Cette année, la nouvelle codification s’installe dans les ouvrages. Il faut s’y habituer. Ne dites plus, par exemple : « Les salariés ont vu l’article L 122-12 leur être appliqué, dans le cas du rachat de leur entreprise » mais « L’article L 1224 s’applique ». Dalloz, Litec et autres éditeurs continuent à jouer des prouesses pour présenter le code du travail en un seul volume : papier plus fin, caractères plus petits, format agrandi. A titre d’exemple, le code du travail Dalloz compte 3008 pages et pèse très exactement 2,068 kilogrammes. En attendant 2009 ....


4. Histoire sociale

Le Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social poursuit la parution des notices biographiques des militants syndicaux et politiques (en amalgamant toujours syndicalisme et politique), pour la période 1940-1968. le tome 4 vient de sortir (lettres Cos à Dy), réunissant plus de 600 noms et, dans un CD Rom joint, 2500 notices.

Dictionnaire biographique (Le Maitron), direction Claude Pennetier, Ed. de l’Atelier, 2008, 460 pages, 65 €.



Deux ouvrages nous rappellent la « révolution oubliée » de 1848, souvent effacée par celle de 1789 et par la Commune. La dimension sociale de cette révolution fut pourtant très forte. Les mots de 1848, Jacqueline Lalouette, Presses universitaires du Mirail, 2008, 128 pages, 10 €. 1848, la révolution oubliée, Maurizio Gribaudi et Michèle Riot-Sarcey, La Découverte, 2008, 260 pages, 39,90 €.



Retraites. Une histoire des régimes spéciaux, direction Michel Pigenet, ESF éditeurs, 2008, 96 pages, 13 €.



Le syndicalisme dans la France occupée, direction Michel Margairaz et Danielle Tartakowsky, Presses universitaires de Rennes, 2008, 508 pages, 22 €.

Cléricalisme moderne et mouvement ouvrier, Marc Prévôtel, Les Editions libertaires, Fédération nationale de la Libre Pensée, 2008, 288 pages, 14 €.


Marc Sangnier. L’aventure du catholicisme social, Denis Lefèvre, Mame, 2008, 336 pages, 22 €.



La Tour du Pin en son temps, Antoine Murat, Ed. Via Romana, 2008, 386 pages, 29 €.

Le monde ouvrier s’affiche. Un siècle de combat social, Ed. Nouveau Monde, 2008, 130 pages, 25 €.

Les spécialistes d’histoire sociale s’interrogent toujours sur la pensée véritable de François Guizot, l’homme fort de la monarchie de Juillet, autour de l’expression qui lui est attribuée : « Enrichissez-vous ! ». Pierre Rosanvallon, dans son livre « Le moment Guizot » (Gallimard, 1985), et Gabriel de Broglie, dans « Guizot » (Perrin, 1990) effleurent la question.

La biographie de Laurent Theis constitue à son tour, une remarquable approche du personnage. Elle nous aide à comprendre combien, au XIXème siècle, les gouvernements avaient traité les questions de la liberté et de l’autorité, de la valorisation de l’effort et de la justice sociale. Ces questions demeurent, comme en témoigne la phrase désormais célèbre de Nicolas Sarkozy : « Travailler plus pour gagner plus ». François Guizot, Laurent Theis, Fayard, 2008, 553 pages, 27 €.


Mémoires du travail à Paris, direction Michel Pigenet, Ed. Créaphis, 2008, 320 pages, 28 €. L’enquête menée auprès d’habitants et de travailleurs de trois sites parisiens (le faubourg des métallos dans le 11ème arrondissement, le secteur Austerlitz-Salpêtrière et Renault-Billancourt) permet de prendre conscience des traces que le travail a laissées chez les individus et dans les paysages, au carrefour de la fierté, de la colère, de la satisfaction, de la révolte.

5. Réflexions et débats

Le travail et ses valeurs, François Vatin, Albin Michel, 2008, 218 pages, 16 €.

La légitimité démocratique, Pierre Rosanvallon, Le Seuil, 2008, 370 pages, 21 €.

Le temps de la réconciliation. La gauche et le travail, François Kalfon et Tristan Klein, L’encyclopédie du socialisme, 128 pages, 7,50 €.

Plaidoyer pour la reconnaissance au travail, Christophe Laval, http://www.livrebusiness.com, 2008, 156 pages, 20 €. Christophe Laval est un DRH humaniste. Entendons par là qu’il a eu à cœur de nourrir son itinéraire professionnel (pendant plus de vingt ans au service de groupes internationaux avant de diriger l’association Entreprise et Personnel) de principes respectueux de l’homme. Mais bien plus encore, qu’il est persuadé que cette reconnaissance de la place de l’homme au travail est au centre à la fois d’une entreprise performante et d’une société ouverte aux nouvelles générations attachées à la justice et « à la reconnaissance pour le travail accompli qui ne se traduit pas seulement par des aspects matériels ». Son livre est le résultat de cette expérience autant que de cette conviction : en matière de reconnaissance au travail, l’argent ne fait pas tout. La reconnaissance non monétaire est une pratique managériale au service du mieux-être et de la performance.



6. Divers

Quoi de plus sec et rigoureux qu’un document produit par l’INSEE ? Cette interrogation - qui n’en est pas une... - se veut un compliment au travail mené par les équipes de statisticiens et de fonctionnaires pour livrer à l’analyse des observateurs les données les plus utiles qui soient. On retiendra, comme chaque année : Tableaux de l’économie française, INSEE, 2008, 243 pages, 16,50 €. France, portrait social, INSEE, 2008, 276 pages, 16,50 €.



Un tout autre ouvrage décrit avec talent une « histoire des gestes créateurs des travailleurs » en considérant le mouvement ouvrier non pas dans sa définition militante mais comme synonyme de « création d’œuvre en acte ». La main d’œuvre, raconte l’auteur qui est peintre et enseignant est d’abord une main à l’œuvre, un geste ouvrier créateur. Au-delà de leur fonction économique et technique, les mouvements des travailleurs portent une vision du monde. Le mouvement ouvrier, Camille Saint-Jacques, Max Milo éditeur, 2008, 288 pages, 25 €.

Deux ouvrages permettent de clore cette revue des livres en couleurs, celle du rouge et celle du noir, si fortes au cœur des révolutionnaires.

Le premier ouvrage est un essai sur la couleur rouge, symbole de la puissance, de la révolution, de la colère mais aussi couleur du baiser ou du Campari ! L’auteur, historienne américaine, raconte l’histoire de la cochenille cet insecte minuscule, parasite d’un cactus d’Amérique centrale, qui produit le rouge le plus parfait. Le livre complète bien celui publié en 2001 par Annie Mollard-Desfour dans la collection « Le dictionnaire des mots et expressions de couleur » (CNRS Editions). L’extraordinaire saga du rouge, Amy Butler Greenfiled, 2008, 321 pages, 20 €.



Le second ouvrage est consacré au noir. C’est un bel ouvrage, intelligemment illustré, par un des spécialistes les plus fins et les plus pédagogues du sujet.

Le chapitre de conclusion s’interroge : une couleur dangereuse ? Il y répond trop brièvement, à notre goût, esquissant (ou esquivant ?) le choix du drapeau noir par les mouvements anarchistes, en commettant même l’erreur d’affirmer qu’en 1848 « seul s’agite le drapeau rouge des forces révolutionnaires », alors que le drapeau tricolore y prit, tout au contraire, une place de premier plan, comme en atteste la célèbre déclaration de Lamartine, en février 1848. Noir, histoire d’une couleur, Michel Pastoureau, Le Seuil, 216 pages, 39 €.


A lire aussi dans Les Etudes sociales et syndicales 25 août 2008 : La CFDT, cette inconnue, par Dominique Andolfatto 28 juillet 2008 : Laurence Parisot, une femme en guerre, par Dominique Andolfatto 11 janvier 2008 : Trois ouvrages sur les syndicats, par Bernard Vivier 1er septembre 2006 : Les clichés du Front Populaire, par Bernard Vivier 30 juin 2006 : Lu pour vous : « La CFDT ou la volonté de signer » 10 février 2006 : L’année sociale et syndicale 2005 à travers les livres, par Bernard Vivier 18 mars 2005 : Les nouveaux mouvements sociaux : sélection d’ouvrages et de sites internet

Comments


bottom of page