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  • Photo du rédacteurPatrick Chalmel

La CFTC après son 48ème congrès confédéral : que signifie « constructif » ?

Un congrès bien calme, mais qui exprime une certaine difficulté de positionnement.


A la CFTC, les congrès se suivent et ne se ressemblent pas. Le 48e congrès confédéral qui s’est tenu à Toulouse du 12 au 15 novembre 2002 peut, en effet, être vu comme l’antithèse du précédent.


Pour mémoire, en novembre 1999, à Dijon, les syndicats affiliés à la CFTC s’étaient alors réunis dans une ambiance houleuse, suscitée par des enjeux internes de pouvoir. Aucun défi extérieur ne sollicitait alors la centrale chrétienne au point d’opposer les congressistes sur des points fondamentaux de stratégie. De fait, aucun signe ne fut perçu lors de ce congrès qui puisse faire penser aux observateurs que la CFTC s’interrogeait sur son identité ou son image à l’extérieur. Les congressistes s’étaient opposés, et plutôt vivement, pour un congrès CFTC, mais presque exclusivement sur des choix de personnes, voire d’ambitions en concurrence ; une joute dont Alain Deleu devait sortir renforcé au détriment de ses opposants.


Climat pacifié au contraire pour ce congrès de Toulouse. Et cette fois-ci les enjeux n’étaient nullement internes : menacée dans sa représentativité par les projets de la CGT et de la CFDT, à la veille d’une échéance électorale prud’homale rendue de ce fait encore plus importante, poussée à se positionner sur la mondialisation, les retraites, etc., la CFTC se préoccupait cette année davantage de répondre à ces défis extérieurs. Oubliées les querelles internes : Jacques Voisin et Jacky Dintinger succèdent à Alain Deleu dans l’assentiment général.


Mais si aucun débat important n’est intervenu sur la stratégie et le positionnement de la centrale, les observateurs ont pu noter qu’un changement subtil dans l’identité, ou en tout cas dans la communication externe, semblait être intervenu entre les deux congrès. En choisissant d’identifier visuellement le deuxième « C » de son sigle, à « constructif » plutôt qu’à « chrétien », la centrale paraît avoir choisi de banaliser son image auprès des électeurs et adhérents potentiels, plutôt que de chercher à séduire par l’originalité de son action et des valeurs de la morale sociale chrétienne qui l’inspirent.


Et, faute que ce nouveau positionnement ait été ratifié, débattu, ou même contesté au cours du congrès, on peut se demander si choix il y eut réellement, ou si cet affadissement constaté de l’image ne répond pas au cours naturel des choses, dans une organisation où la doctrine sociale chrétienne n’est plus véritablement enseignée, même aux dirigeants, depuis une bonne dizaine d’années. De fait, si l’on en juge par la tonalité générale des interventions entendues à la tribune et par l’abus de vocables passe-partout comme « dignité », « solidarité », « tolérance », etc., pour définir l’originalité de la centrale, le leit-motiv de la référence à la « morale sociale chrétienne » paraît aujourd’hui évoquer davantage chez nombre de militants et dirigeants CFTC un vague sentiment humaniste plutôt qu’un contenu spécifique et précis.


Et puisqu’elle n’entend sans doute opposer « constructif » à « chrétien », la CFTC gagnerait aujourd’hui à préciser le sens de son projet de « construction sociale » et à dire en quoi ce projet se fonde sur les valeurs propres à la doctrine sociale chrétienne.

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