Autour de Philippe Martinez, désigné secrétaire général de la CGT, neuf autres membres du Bureau confédéral ont été installés le 3 février 2015. Ce Bureau, entièrement renouvelé, va préparer le 51ème congrès de la CGT au printemps 2016.
Il existe depuis plusieurs années une fiche Wikipédia sur Philippe Martinez. A cette entrée figure le portrait d’un coureur cycliste français, né en 1959 et membre de l’équipe Peugeot de 1981 à 1983. Mais il n’existait pas de portrait du syndicaliste Philippe Martinez. La fiche Wikipédia du nouveau secrétaire général de la CGT date du 3 février 2015, jour de son élection à la tête du Bureau confédéral.
- Martinez, le métallurgiste -
Elu secrétaire général de la CGT à 53 ans, avec 94,3 % des voix par le Comité confédéral national, il présente la caractéristique d’être - le seul du Bureau confédéral - issu du secteur privé industriel et concurrentiel.
Né le 1er avril 1961 dans la banlieue ouest de Paris, Philippe Martinez est entré chez Renault, à l’usine de Boulogne-Billancourt en 1982, où il figure toujours aux effectifs, comme technicien.
Sa carrière syndicale à la CGT démarre aussitôt, dans un des bastions militants de la CGT et du PCF.
Lors de la fermeture de l’usine Renault à Vilvoorde, en Belgique, en 1997, il est délégué syndical central.
En mars 2008, il succède à Daniel Sanchez, lui-même militant de chez Renault, comme secrétaire général de la Fédération CGT des métaux, la troisième fédération de la CGT et la première du secteur avec 62 131 adhérents (chiffre 2012). Sa compagne, Nathalie Gamiochipi est, pour sa part, secrétaire générale de la Fédération CGT de la santé, la deuxième de la CGT avec 74 725 adhérents (en 2012).
Philippe Martinez est entré à la Commission exécutive confédérale en mars 2013, au 50ème congrès confédéral. Longtemps fidèle au Parti communiste, il manifeste aujourd’hui un comportement prudent et pragmatique. Son caractère est tout à la fois ferme et ouvert à la discussion. Positionné sur une ligne favorable à un syndicalisme de lutte de classes et attentive aux exigences du Parti communiste, il est entouré de membres du Bureau confédéral proches ou engagés au Front de gauche. Il n’en est pas moins à l’écoute des interlocuteurs gouvernementaux et patronaux qui se montrent soucieux de défendre l’industrie française.
Dans la branche automobile de sa fédération (Renault et PSA), il doit composer avec une tendance Lutte ouvrière en plein essor, qui profite du renouvellement des générations dans les sites de production et occupe de nouveaux postes et mandats CGT.
Au sein de la CGT, la Fédération des travailleurs des métaux représente aujourd’hui quelque 10 % du total des adhérents CGT, proportion comparable à celle des décennies passées (hormis la période 1962 à 1986, où la Fédération a représenté environ 15 % des effectifs CGT, approchant même les 19 % au début des années 1970).
Dans son histoire, la CGT a connu deux secrétaires généraux venus de la métallurgie : Benoit Frachon (1893 - 1975), secrétaire général de la CGT de 1945 à 1967 puis président de la CGT jusqu’à sa mort, et Henri Krasucki (1924 - 2003), secrétaire général de 1982 à 1992.
Benoit Frachon, ouvrier métallurgiste en 1906 (à l’âge de 13 ans à Chambon-Feugerolles dans la Loire) eût un certain parcours en entreprise jusqu’en 1924, date où il devint permanent de la CGTU communiste. Henri Krasucki eût, pour sa part, une carrière en entreprise très brève : une année de fin 1939 à fin 1940 (moment de son entrée dans la Résistance communiste, avant sa déportation) puis, à la Libération, quelques mois comme ouvrier ajusteur, avant son engagement comme permanent à la CGT et au PCF.
- Les autres membres du Bureau confédéral -
Fabrice Angéi, 55 ans, cadre (secteur public). Membre de l’équipe dirigeante de la Fédération des services publics (81 717 adhérents en 2012), la première fédération de la CGT. Il a participé à la commission des résolutions du dernier congrès confédéral, où il a été renouvelé dans son poste de membre de la Commission exécutive. Au lendemain du 50ème congrès (2013), il est devenu pilote de la commission confédérale « Enjeux territoriaux », après avoir été responsable national CGT en charge du logement.
Fabrice Angéi
Colette Duynslaeger, 55 ans. Employée chez Orange, elle est depuis 2004 secrétaire générale de la Fédération des activités postales et télécommunications (FAPT), essentiellement composée d’agents du secteur public. Cette fédération est la cinquième de la CGT, par le nombre de ses adhérents (49 346 membres en 2012). Cette fédération a toujours occupé une place importante à la CGT, lui fournissant des cadres et dirigeants importants : Georges Frischmann, secrétaire général de la Fédération pendant 29 ans de 1950 à 1979 (proche de Georges Marchais, il siégea en 1954 au Bureau politique du Parti communiste) ; Louis Viannet, secrétaire général de 1979 à 1982 (lui aussi entré au Bureau politique du PCF) avant d’accéder au poste de secrétaire général de la confédération en 1992 où il amorça une évolution de la CGT (voir « Les Etudes sociales et syndicales » du 2 février 2015 « Où va la CGT ? »). Plus proche de nous, Maryse Dumas, secrétaire générale de la Fédération de 1988 à 1998, occupa des fonctions importantes au Bureau confédéral de la CGT, de 1995 à 2009.
C’est à une militante ayant une solide expérience de l’organisation CGT (elle est entrée à la Commission exécutive en 2003) qu’est confiée la responsabilité d’administrateur - trésorier. Poste sensible dans la période actuelle, après les critiques portées aux dépenses engagées autour de Thierry lepaon (rénovation de l’appartement de fonction, du bureau, prime pour quitter Caen et se rendre à Paris) et après la démission du précédent administrateur - trésorier, Eric Lafont, le 9 décembre 2014. Au lendemain du 50ème congrès confédéral (2013), elle était pilote de la commission « Politiques publiques ».
Colette Duynslaeger
Virginie Gensel-Imbrecht, 45 ans. Ancienne intérimaire de chez Manpower, cadre chez EDF où elle a débuté en 1995 et adhéré aussitôt à la CGT. En mars 2010, elle succède à son mari, Frédéric Imbrecht, au secrétariat général de la Fédération nationale mines-énergie, qui est la quatrième fédération de la CGT (58 064 adhérents en 2012). Elle est entrée à la Commission exécutive de la CGT au dernier congrès, en mars 2013.
Virginie Gensel-Imbrecht
Pascal Joly, 55 ans. Agent de maîtrise à la SNCF, il est secrétaire général de l’Union régionale CGT d’Ile de France (URIF-CGT), la plus importante structure géographique de la confédération. Il est membre de la Commission exécutive confédérale depuis 2003. Membre dirigeant du Parti communiste français (il est membre du Conseil national, ex Comité central), Pascal Joly est un des initiateurs du Collectif 3A (Alternative A l’Austérité), qui regroupe des militants syndicaux, associatifs et politiques en opposition frontale aux réformes en cours du gouvernement socialiste.
Pascal Joly
Denis Lalys, 43 ans. Cadre aux ASSEDIC (devenu Pôle emploi) de Lorient en Bretagne, il a travaillé sur les sujets touchant à la protection sociale et a participé en 2008 aux négociations sur la création de Pôle emploi. En octobre 2008, il est élu secrétaire général de la Fédération CGT des personnels des organismes sociaux (18 927 adhérents en 2012). Il a alors 37 ans. Il est reconduit à ce poste au 10ème congrès de la fédération en mai 20124. Il siège à la Commission exécutive confédérale depuis 2009. Tout comme Pascal Joly, il est membre du Collectif 3A.
Denis Lalys
Grégory Roux, 42 ans. Entré comme apprenti à la SNCF, il est devenu technicien, au sein de la division maintenance des rames. En 2013, il est nommé secrétaire général adjoint de la Fédération CGT des cheminots (42 640 adhérents en 2012). Septième fédération de la CGT, cette fédération a fourni de nombreux cadres et dirigeants à la CGT, parmi lesquels, dans la période contemporaine, deux secrétaires généraux de la confédération : Georges Séguy (de 1967 à 1992) et Bernard Thibault (de 1999 à 2013). Grégory Roux est entré à la Commission exécutive confédérale au dernier congrès, en mars 2013.
Grégory Roux
Marie Saavedra, 35 ans. Membre de la Commission exécutive de l’Union départementale CGT du Vaucluse, elle est technicienne, issue du secteur privé (ORPÉA, sanitaire et social). Elle a été membre du Collectif jeune de la CGT et siège à la Commission exécutive confédérale depuis 2009.
Marie Saavedra
Céline Verzeletti, 45 ans. Surveillante de prison, elle est devenue secrétaire générale des syndicats pénitentiaires CGT et a été présentée par l’Union générale des fédérations de fonctionnaires (UGFF) à la Commission exécutive confédérale, où elle siège depuis mars 2013. Elle était jusqu’à présent pilote de la commission confédérale « femmes mixité ».
Céline Verzeletti
Gisèle Vidallet, 54 ans. Cadre à la Poste, elle a été secrétaire générale de l’Union départementale CGT de Haute-Garonne (15 500 adhérents) pendant trois mandats, de 2002 à octobre 2014. Elle est membre de la Commission exécutive confédérale depuis 2003. Proche du Front de gauche, Gisèle Vidallet est candidate aux élections départementales de Toulouse 3, en mars 2015, en tant que remplaçante sur la liste « L’Humain Garonne », portée par Ensemble, La Gauche unitaire, le PCF, le MRC et EE-LV.
Gisèle Vidallet
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