Jusqu'au 3 novembre prochain, les dirigeants de plus de 1 800 000 entreprises sont invités à élire leurs représentants dans les chambres de commerce et d'industrie.
Depuis le 13 octobre et jusqu’au 3 novembre, les chambres de commerce et d’industrie vivent à l’heure des élections, celle du renouvellement de leurs structures dirigeantes. Par delà ce scrutin, c’est toute la dynamique de leur action qui se trouve relancée.
Institutions très anciennes (la première, à Marseille, a été créée à la fin du XVIIème siècle), les chambres de commerce et d’industrie (CCI) constituent aujourd’hui un réseau dense et puissant de services aux entreprises, aux hommes et aux territoires. Elles sont aujourd’hui au nombre de 159 en France, avec un budget total de 3,52 milliards d’euros.
Des services aux entreprises
Les services aux entreprises constituent la première mission des CCI : aide à la création d’entreprises, au développement de technologies, veille et intelligence économique, etc.
Les CCI agissent également comme gestionnaires de grands équipements. En France, la plupart des ports et aéroports sont exploités par des CCI. L’aéroport de Nice-Côte d’Azur, par exemple, accueille 40 compagnies aériennes. Des investissements récents (110 millions d’euros) ont porté sa capacité à 13 millions de passagers. Des complexes routiers, des entrepôts, des parcs d’exposition et des palais des congrès sont gérés par les CCI. Sans oublier les deux ponts de Normandie et de Tancarville...
Les CCI, gestionnaires de ports fluviaux, se font les promoteurs du développement du transport fluvial, écologique et pouvant pénétrer au coeur des villes.
Quant à la dimension sociale des CCI, elle est tout aussi impressionnante. Si les CCI ne sont pas des lieux où se forgent les accords contractuels entre partenaires sociaux (cette mission incombe aux organisations patronales proprement dites : MEDEF, CGPME, UPA), elles soutiennent une action sociale d’envergure, celle de la formation.
Deuxième acteur de formation en France
Deuxième acteur dans le domaine de la formation en France après l’Education nationale, les CCI forment chaque année, à tous les niveaux (depuis les centres de formation d’apprentis jusqu’aux prestigieuses écoles de commerce comme HEC, ESSEC ou ESCP-EAP), plus de 500 000 personnes dans 540 établissements. A eux tous, ces centres emploient plus de 30 000 personnes. L’activité des CCI en matière de formation continue (214 centres en France) et, de façon plus récente, de certification des compétences, complète ce dispositif.
L’ouverture aux enjeux internationaux de la formation est maintenant acquise, tout comme sont lancés des dispositifs de soutien de publics en difficulté et en rupture scolaire (comme le programme « Seconde chance 93 » lancé par la CCI de Seine Saint Denis).
La transmission des savoirs entre le maître et l’élève, vecteur primordial de l’apprentissage.
Des structures publiques gérées par des chefs d’entreprise
Tous ces services son, organisés dans le cadre des CCI locales, regroupées en vingt chambres régionales, elles-mêmes réunies en une structure nationale, l’ACFCI (l’Assemblée des chambres françaises de commerce et d’industrie). Organisées sous le statut juridique d’établissements publics à caractère administratif, les CCI sont financées à partir des taxes prélevées sur les entreprises, ainsi que des recettes provenant de leurs activités de formation ou de gestion des grands équipements.
Curieux dispositif donc que ces organismes à statut public, ayant pour vocation de servir les entreprises privées et dont les instances dirigeantes sont composées de chefs d’entreprises élus.
L’image des CCI ne sort généralement pas grandie de ce contraste des logiques entre le système et ses acteurs. Le renouvellement des instances dirigeantes était, jusqu’à ce jour, peu favorable aux ruptures et aux audaces : les mandats de six ans étaient renouvelés par moitié tous les trois ans. Autant dire que les équipes en place se renouvelaient par la force de la cooptation plus que par celle de la compétition électorale.
Un renouvellement en cours
Une loi du 2 juillet 2003 vient de changer la donne. Les 4 500 représentants des entreprises dans les CCI sont désormais élus pour cinq ans, pour un mandat unique. Le renouvellement est donc général. C’est ce scrutin qui est actuellement en cours.
L’âge pour être élu est ramené de 30 ans à 18 ans et les présidents ne peuvent exercer plus de trois mandats successifs.
Les initiateurs de la réforme en attendant une redynamisation du réseau, dont la puissance pourrait alors trouver une signification nouvelle. La mise en place de la décentralisation et la montée des multiples questions liées aux territoires (parmi lesquelles les questions sociales) donnent aux CCI la perspective de jouer un rôle important dans l’organisation économique et sociale du pays. Le MEDEF, organisé pour l’essentiel à partir de ses structures professionnelles (les puissantesfédérations), ressent lui aussi déjà le besoin de développer ses structures territoriales et les services locaux aux entreprises. Illustration éclairante : au siège du MEDEF, la direction la plus fournie en permanents est désormais celle del’action territoriale.
Les zones d’action des organisations patronales d’un côté, des CCI de l’autre, vont tendre à se rapprocher sur ce point-là. Vers la concurrence ou vers la complémentarité ?
Pour compléter l’information, deux ouvrages récents :
- A quoi sert une chambre de commerce et d’industrie ? par Jean-François BERNARDIN, 2004, 128 pages, L’Archipel, 7,50 €.
- Chambres avec vues, par l’équipe de l’Institut supérieur du travail, 2004, 224 pages, ACFCI, 25 €.
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