La gestion des relations humaines est toujours une affaire délicate. Elle nécessite de trouver en permanence le bon équilibrage des efforts mis à la fois dans la gestion des relations individuelles et dans la gestion des relations collectives de travail.
A l’évidence, les entreprises ont acquis aujourd’hui une bonne maitrise des relations individuelles de travail. Savoir recruter, former, promouvoir, récompenser, protéger, sanctionner aussi, assurer la mobilité professionnelle et géographique, rémunérer chacun des salariés de l’entreprise est un art à part entière. Les directeurs des ressources humaines (« ressources » : le mot est inapproprié mais il s’est installé dans notre vocabulaire) n’ont plus grand-chose à voir avec les « chefs du personnel » d’il y a quarante ans.
L’individualisation des relations sociales, l’attention portée à chaque personne sont devenues signes de performance pour l’entreprise.
Dans le même temps, et par contrecoup aussi, la gestion des relations collectives de travail a perdu de son importance. Le syndicalisme, avec 7 % des salariés, rassemble aujourd’hui trois fois moins d’adhérents qu’il y a trente ans.
L’engagement collectif s’exprime différemment. Les médias (ordinateurs portables, réseaux sociaux, messages téléphonés, conférences à distance) remplacent les réunions traditionnelles. En bref : le collectif au travail marque le pas.
Cette évolution ne saurait se poursuivre sans danger. L’entreprise est certes une société, où le contrat individuel régule la relation de travail. Elle est aussi une communauté, qui a besoin de contrats collectifs. Les groupes ne fonctionnent pas comme une sorte de moyenne ou d’addition des comportements individuels.
Il importe donc, sur les lieux de travail, de recréer des collectifs et de développer, par-delà la solidarité, une sociabilité qui soit cohérente avec les collectifs qui se créent et se développent à l’extérieur de l’entreprise.
Personnage affirmé et convaincu, Jean-Claude Ancelet nous le dit : la sociabilité est une condition de l’engagement et de la performance. Homme de méthode et de conseil aussi, conférencier apprécié - les clubs APM le connaissent bien - il nous livre ici les repères utiles au bon fonctionnement des collectifs de travail et les outils de leur pilotage.
Les quatre canaux de la régulation sociale, qu’avaient formalisés Gérard Donnadieu, Jean Dubois et les équipes d’Entreprise et personnel il y a près de vingt ans, sont décrits comme toujours très actuels et situés parmi les autres outils de conduite du changement.
Les générations qui entrent sur le marché du travail ne sont pas aussi individualistes qu’on pourrait le croire. Les collectifs d’appartenance, de résistance et de circonstance, qu’analyse Jean-Claude Ancelet, ne sont pas, en 2011, les simples prolongements de ceux des générations précédentes. Mais ils sont. Et c’est heureux : l’entreprise est toujours une passion collective.
« Recréez du collectif au travail », par Jean-Claude Ancelet, Dunod, 2011, 246 pages, 25,- €.
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