Le 8 mars 1910, la confédération internationale des femmes socialistes revendiquait le droit de vote pour les femmes. Cent ans plus tard, les revendications visant à assurer la stricte égalité dans l'emploi et les rémunérations entre hommes et femmes demeurent actuelles. Cette année, la CFDT organise un rassemblement sur ce thème et rappelle que le 8 mars est décrété, depuis 1977, « Journée internationale de la femme » par les Nations unies. Les études montrent que les parcours professionnels évoluent, même si les métiers « mixtes » restent relativement rares.
En novembre 2009, l’INSEE publiait son ouvrage annuel « France, portrait social », lequel consacrait une étude sur les métiers et les parcours professionnels des hommes et des femmes. Les trois auteurs, Monique Meron, Laure Omalck et Valérie Ulrich, constatent que la généralisation de l’activité féminine est loin d’être uniforme dans l’ensemble des professions. Globalement, la polarisation professionnelle entre hommes et femmes reste forte et, tous comptes faits, les métiers mixtes (comptant 40 % à 60 % de femmes) sont rares.
D’après l’enquête Emploi, sur 86 familles professionnelles, seules une dizaine bénéficient d’une répartition à peu près équilibrée entre hommes et femmes. Cela regroupe à peine 12 % des personnes en activité. Il s’agit en majorité de métiers très qualifiés du tertiaire : cadres administratifs, comptables ou financiers, cadres de la fonction publique, des banques et des assurances, professionnels du droit, médecins. On y trouve néanmoins d’autres profils comme des professions intermédiaires du commerce et notamment les responsables de petits magasins, ou encore les ouvriers peu qualifiés de l’électricité-électronique et des industries chimiques, plastiques, pharmaceutiques ou agro-alimentaires. Dans les autres familles professionnelles de l’industrie, les emplois sont essentiellement occupés par des hommes, sauf dans le textile et le cuir où les femmes sont majoritaires.
A l’inverse, assistantes maternelles, aides à domicile ou employées de maison sont presque exclusivement des femmes, et l’on compte peu d’hommes aides soignants (8 %) ou infirmiers (12 %). Dans les services administratifs ou comptables, les employés sont très majoritairement des employées, en particulier dans le secrétariat (98 % des femmes).
L’INSEE constate aussi que la dominante, masculine ou féminine, des métiers va souvent de pair avec des conditions d’emploi différentes. Le temps partiel concerne ainsi plus souvent les métiers peu qualifiés du tertiaire, exercés par des femmes, alors que l’intérim est un mode de recrutement plus répandu dans les métiers d’ouvriers, plus souvent occupés par des hommes.
Des dynamiques nouvelles
Des évolutions sont observées qui montrent l’entrée plus importante des femmes dans certains métiers. Ces évolutions peuvent être mesurées en s’intéressant à la proportion de femmes dans les différents métiers en fonction du temps écoulé depuis la fin de leurs études initiales.
Les écarts entre générations sont manifestes dans bien des métiers. C’est ainsi que les jeunes diplômées du supérieur sont très nombreuses à se diriger vers les métiers de l’enseignement : sur la période 2006-2008, plus de sept professeurs sur dix ayant achevé leurs études depuis moins de 5 ans sont des femmes (72 %) contre 62 % parmi ceux dont l’ancienneté dépasse 25 ans.
Les femmes sont devenues largement majoritaires parmi les débutants dans les professions du droit (57 % contre 35 % parmi les plus anciens), de l’information et de la communication, et parmi les médecins (59 % des débutants sont des femmes contre 38 % des plus anciens).
Dans d’autres professions où elles restent minoritaires, les femmes sont aussi nettement plus nombreuses parmi les débutants : elles représentent ainsi 39 % des ingénieurs et cadres techniques de l’industrie sortis depuis moins de 5 ans du système éducatif contre seulement 9 % des plus anciens, 34 % des personnels et de recherche débutants contre 13 % des plus anciens.
Dans les professions moins qualifiées
Dans les professions moins qualifiées, la segmentation entre hommes et femmes reste très forte. Ainsi dans le bâtiment, les débutants restent quasi exclusivement des garçons.
Regard d’ensemble
L’enquête Emploi 2008 nous indique aussi la proportion respective d’hommes et de femmes dans les différentes catégories d’emploi en France. La féminisation du monde du travail est très importante chez les employés : 47,4 % sont des femmes, soit 13,1 % sont des femmes. Elle est à peu près équilibrée dans les professions intermédiaires et chez les cadres ; elle reste faible chez les ouvriers (presque quatre fois plus d’hommes que de femmes).
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