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Photo du rédacteurPhilippe Darantière

Les Français et le dialogue social un sondage IST CSA

Face à la crise économique, à la vigueur budgétaire, aux mesures sociales difficiles, comment réagissent les Français ? Quelles sont leurs attentes ? En qui ont-ils - ou pas - confiance ? L'Institut supérieur du travail publie un sondage d'opinion réalisée pour son compte par l'Institut CSA.


Dans le contexte actuel de crise économique, les Français portent un regard sévère sur le fonctionnement et sur les acteurs des relations sociales. C’est le premier enseignement du sondage. La deuxième leçon de ce sondage est une leçon de réalisme : pour retrouver, préserver ou améliorer leur emploi, les Français sont prêt à faire des efforts, déménager ou se former. Enfin, la troisième instruction de l’étude CSA est un jugement critique sur la loi d’amnistie votée en faveur des salariés ayant commis des dégradations lors d’un conflit social.

- Une mauvaise perception du dialogue social -

Plus de huit Français sur dix (85%) considèrent que le dialogue social fonctionne mal en France. Ce sont les syndicats patronaux et l’Etat qui sont les plus sévèrement jugés par les Français. Respectivement 58% et 59% d’entre eux estiment que leur rôle est globalement négatif pour améliorer la situation du marché de l’emploi. Les Français, bien qu’un peu plus indulgents, restent sévères vis à vis des syndicats de salariés et des directions d’entreprise : environ un sur deux (48% et 52%) considèrent qu’ils jouent un rôle globalement négatif vis à vis du marché de l’emploi. Ils sont en revanche plus bienveillants vis à vis de l’action des collectivités locales (communes, conseils généraux et régionaux) : près d’un Français sur deux (45%) estiment qu’elles jouent un rôle positif vis à vis du marché de l’emploi. Cette perception positive des collectivités locales démontre un attachement aux acteurs de proximité d’un bassin d’emploi, alors que les directions d’entreprise comme les syndicats de salariés sont perçus comme éloignés des enjeux de l’emploi local. Le constat est sévère, mais il reflète une réalité : les logiques du monde des affaires semblent de plus déconnectées des réalités sociales du terrain. Quant aux organisations syndicales, la confiance n’est guère là : 48 % des Français considèrent qu’elles jouent un rôle négatif pour améliorer la situation du marché de l’emploi (36 % seulement un rôle positif).

- PSE : priorité à la formation, pas aux indemnités -

Une autre leçon de réalisme peut être tirée des priorités des Français face à un plan de restructuration. Lorsque l’emploi est menacé, 39% des personnes privilégient l’accès à la formation et 32% soulignent l’importance de l’accompagnement et de l’aide à la recherche d’emploi dans le même bassin d’emploi. Moins d’un Français sur dix (9%) juge prioritaire la question du montant des indemnités de départ. Il y a là un décalage important avec les revendications de certaines organisations syndicales. Lors du conflit Continental, les leaders CGT de l’entreprise ont provoqué par tous les moyens - y compris violents - une surenchère sur les indemnités de rupture. Le même phénomène a été observé chez Faurecia ou Air France. Or les salariés français préfèrent être formés et accompagnés plus tôt pour retrouver au plus vite un emploi. Cette attente est un message qui s’adresse non seulement aux syndicats, mais aussi aux directions d’entreprise dont le rôle est aujourd’hui d’assurer plutôt l’employabilité que d’indemniser un emploi perdu.



Une mutation s’est opérée : la sécurité de l’emploi appartient au passé, mais la responsabilité sociale de l’employeur demeure : assurer à ses collaborateurs les meilleures chances de retrouver du travail ailleurs. De fait, le travail reste une valeur forte : 54 % des Français affirment être prêts à déménager pour des raisons professionnelles. Préserver son emploi et se donner les moyens d’en avoir un (formation, mobilité...) sont bien les enjeux qu’une large majorité des Français souhaitent voir inscrit au cœur du dialogue social. Certes, les motivations de la mobilité portent avant tout sur une amélioration de son cadre de travail (salaire, conditions de travail) et du cadre de vie (attractivité d’une région). Mais la mobilité s’installe comme un phénomène majoritaire, dans une France encore très attachés à ses particularismes régionaux.

- Respect du droit au travail en cas de conflit -

Enfin, les Français formulent un avis clair sur la manière dont sont conduits un certain nombre de conflits sociaux. Plus des deux-tiers des personnes interrogées considèrent que dans le cas d’une grève provoquant le blocage de l’entreprise, les pouvoirs publics et les directions doivent garantir aux salariés qui le souhaitent de pouvoir accéder à leur poste de travail. Près d’un Français sur deux (49%) est opposé à la loi d’amnistie des salariés ayant commis des délits ou des actes de violence lors de conflits sociaux, récemment adoptée par le Parlement. Et pour trois quarts des Français, cette loi n’aura pas d’effet (34%), voire un effet négatif (39%) sur la qualité du dialogue social en France. Si l’on peut noter en creux la persistance du mythe de la lutte des classes comme seul moyen d’émancipation du salariat, on constate surtout un rejet global des atteintes à la liberté du travail.


Nul doute que les conséquences de certaines pratiques syndicales, qui se sont illustrées récemment chez Goodyear à Amiens ou chez PSA à Aulnay, ont servi de révélateur aux Français. Plus confiants dans leur propre capacité à s’adapter, pour peu qu’on leur en donne les moyens, ils marquent une méfiance nette à l’égard de ceux qui leur promettent « des lendemains qui chantent ».


Les Français et le dialogue social Sondage de l’Institut CSA Résultats détaillés Institut supérieur du travail Mars 2013

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