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  • Photo du rédacteurPhilippe Darantière

Public-privé : la syndicalisation en Europe

Le taux de syndicalisation dans le monde a diminué entre 2001 et 2007 (voir {Les Etudes sociales et syndicales} [La syndicalisation dans le monde->art454], 27 octobre 2009). Mais tous les secteurs d'activité ne sont pas soumis d'une manière égale à cette désyndicalisation. La Confédération européenne des syndicats a fourni en la matière d'intéressantes statistiques.



Selon les données publiées par la CES et portant sur l’année 2002, il est possible d’effectuer une comparaison entre le taux de syndicalisation de 14 pays de l’Union européenne et la part relative que les syndiqués membres de la fonction publique y occupent.


Parmi les 14 pays qui ont fourni la part représentée par les fonctionnaires dans leur taux de syndicalisation, on trouve pour moitié des anciens pays de l’Est (6 sur 14) et pour moitié des pays de l’ancienne Europe des 12 (7 sur 14). Les chiffres sont ceux de 2002 (ce qui n’est pas contradictoire avec ceux de 2007 publiés la semaine dernière dans Les Études sociales et syndicales).



Ces données permettent de constater le poids très important que représente encore la fonction publique dans le taux de syndicalisation des anciennes républiques socialistes. En Lettonie, 82% des syndicalistes sont des fonctionnaires. En Pologne, Slovénie, Slovaquie ou Hongrie, ils représentent 70% à 77% des effectifs syndicaux. Toutefois, tous ces ex-pays de l’Est n’ont pas conservé la même tradition : par rapport au taux de syndicalisation global, les fonctionnaires de la République tchèque ne pèsent que 44,5% comparés aux 71% qu’ils représentent dans l’ex-république sœur de Slovaquie.


On peut aussi constater que dans les pays où la tradition syndicale reste forte, comme la Suède, premier pays en Europe, mais aussi en Italie ou en Autriche, où près de 35% des salariés sont syndiqués, la part de la fonction publique est proportionnellement élevée : environ 40% en Autriche, 48% en Suède et 53% en Italie.


Mais c’est une fois de plus la France qui se distingue. Notre pays enregistre le double record du pays européen ayant le plus faible taux de syndicalisation (9,1% en 2002, descendu à 7,8% en 2007) et celui d’une des plus fortes proportions de fonctionnaires parmi les syndiqués (66,3% en 2002). Si l’on retient le chiffre de 18 millions de salariés dans le secteur privé et de 5 millions de fonctionnaires, le nombre de syndiqués en France s’établit donc à 2,07 millions d’adhérents. Parmi eux, 1,35 million sont des fonctionnaires et 720 000 sont des salariés du privé, soit plus d’un fonctionnaire sur trois, contre un salarié sur vingt-cinq dans le privé. Ces chiffres éclairent la réalité syndicale en France, et expliquent en partie la lenteur des réformes internes au mouvement syndical. Ils soulèvent néanmoins la nécessité d’une authentique réforme de la représentativité syndicale, qui fasse une place plus grande aux salariés du privé, en particulier dans les petites et moyennes entreprises.

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