Le " front " est calme en ce mois d'août, qui reste le traditionnel mois des congés payés.
Les organisations syndicales préparent la rentrée, très explicitement comme
Force ouvrière
(www.force-ouvriere.fr) qui titre : " Agir à la rentrée : salaires, emploi, assurance-maladie/retraites ", ou bien en mettant l’accent sur des sujets particuliers :
La CFTC
(www.cftc.fr) fait son dernier edito du 18 juillet sur " notre participation dans les entreprises ", et met en avant les thèmes suivants :
- revitaliser le dialogue social
- pour une politique de la santé ambitieuse
- la modernisation sociale
- la convention 183 de l’OIT sur la protection de la maternité
- l’expression directe sur la formation professionnelle à Eurodisney
La CFE-CGC
(www.cfecgc.org) développe trois sujets :
- l’état d’esprit et les attentes du personnel d’encadrement dans l’entreprise et dans la cité (à rattacher à un communiqué de presse relevé par le site canadien " le monde du travail ", qui s’intitule " Allons enfants de " l’impatrie " concernant les mesures fiscales discriminatoires) ;
- Cadre ou non-cadre : la différentiation ;
- Représentativité : la CFE-CGC premier syndicat de l’encadrement.
SUD
(www.multimania.com/g10) met l’accent, depuis quelques semaines déjà, sur un point : " Le départ du patronat est une opportunité pour une véritable réforme de la sécurité sociale ".
Quant au MEDEF
(www.medef.fr), ses derniers communiqués portent sur :
- Son université d’été, dont le thème est : " La création de valeur, le respect des valeurs " ; et trois autres sujets :
- Financement des 35 heures : le MEDEF confirme son retrait de la sécurité sociale ;
- Effet de serre : le MEDEF mobilise les entreprises ;
- " Grenelle de la santé " : des orientations sans commune mesure avec les enjeux.
Les autres organisations européennes, du DGB au TUC en passant par la FGTB, la CGIL, l’UIL, l’UGT ou même l’américaine AFL-CIO, développent des sujets qui leur sont spécifiques, mais qui ont en commun un angle d’approche rigoureusement technique et professionnel.
Ce point mérite d’être souligné, car le contraste est grand entre cette attitude des organisations syndicales représentatives et celle des grands médias, mais aussi de nombreuses ONG qui insistent quant à eux sur l’évènement politico-social le plus spectaculaire de ces derniers jours : le sommet du G8 à Gênes, et le cycle provocation-répression dont il a été l’illustration.
Les grand médias
se font l’écho des enquêtes qui suivent, en Italie (" violences à Gênes, vote de confiance du Sénat en faveur du ministre de l’Intérieur ", " une enquête parlementaire va être ouverte ", " la justice italienne demande aux médias leurs photos, vidéos "), mais aussi en Angleterre, en Hollande (" Vingt-six manifestants antimondialisation arrêtés à Amsterdam ").
Pour les ONG
les sites d’ATTAC et du GSF (Genoa Social Forum) notamment ont lancé de multiples communiqués, dont ce dernier : " Au-delà des responsabilités de la police italienne, le G8 disqualifié par les évènements de Gênes ", concluant que " l’association continuera sans relâche, par l’information, la formation et l’action non-violente à mettre en évidence les ravages de la mondialisation libérale et à ouvrir les perspectives de politiques alternatives. Nous pensons qu’un autre monde que celui dont la réunion du G8 de Gênes a constitué la consternante caricature est possible. "
A l’inverse, dans les organisation syndicales, c’est le mutisme complet.
A l’étranger
rien sur ce sujet, sur aucun site syndical allemand, anglais, belge, espagnol, italien ou américain.
Rien non plus
sur les sites des organisations mondiales ou européennes, comme la CISL qui " se préoccupe d’un nouveau rapport international faisant état de la violation des droits du travail au Cameroun ", et qui " condamne la Russie pour un accord conclu avec la Birmanie dans les domaines du nucléaire et de l’armement ", et qui encore " décrète une journée d’action mondiale pour la 4é conférence ministérielle de l’OMC ", sans autres commentaires.
Sur le site de la CMT
sur un communiqué de presse en date du 21 juin, intitulé : " La CMT et l’OMC : un dialogue, mais des désaccords " ;
Et sur le site du TUAC
quatre documents de travail rigoureusement techniques.
Sur les sites français, mutisme total également chez les organisations pré-citées, ce mutisme étant particulièrement notable à SUD, qui ne suit pas ATTAC sur son terrain. Faut-il interpréter cette divergence comme un changement significatif dans l’attitude de SUD, au moins en termes de tactique, ou de stratégie ?
Seules la CGT, la CFDT, et la CNT rompent avec cette grande discrétion
La CGT
la première chronologiquement, sous la forme de trois communiqués de presse :
- le 19 juillet, une première " déclaration sur le sommet du G8 à Gênes, (...) dans une ambiance proche de l’état de siège après les graves incidents qui avaient marqué le précédent sommet de Göteborg " ;
- le 21 juillet, " G8 de Gênes : le pire s’est produit "
- le 24 juillet, " La répression policière a marqué profondément le travail du G8 à Gênes ".
La CFDT
muette jusqu’au 2 août, par un communiqué émis à cette date, intitulé : " Contestation de la mondialisation et violences lors du sommet de Gênes : l’ampleur de la violence et la terrible brutalité de la répression policière qui ont accompagné le sommet du G8 à Gênes les 21 et 22 juillet vont sans doute marquer un tournant dans l’organisation des réunions internationales des chefs d’Etat ou de gouvernement ". Propos à rapprocher de ceux du premier ministre, mais plus prudent que ceux de M. Jean-Luc Mélenchon, rapportés par A.P., estimant " qu’il faut supprimer le G8 directoire autoproclamé du monde ".
La CNT
plus " classiquement ", a mis un large bandeau en première page de son site, avec comme commentaires : " Carlo Guilliani, assassiné par les 8 pays les plus puissants. Mobilisons-nous contre la répression ".
Ne nous hâtons pas de tirer des conclusions de l’attitudes des uns et des autres devant cet événement spectaculaire, et " spectacularisé " que fut le G8. Notons simplement la rupture d’attitude et de commentaires entre d’une part les " organisations institutionnalisées ", associations selon la loi de 1884 en France, que SUD à sur ce point rejoint, en contradiction avec ses commentaires officiels sur le syndicalisme depuis sa création, et d’autre part, les " organismes non-gouvernementaux " qui ressortent généralement en France de la loi de 1901, dont certains commentateurs soulignent le remodelage récent.
On peut se demander quel sera l’impact de ces évènements sociaux sur les organisations syndicales traditionnelles, qui visiblement ont bien senti le " piège " (leur prudence sur le sujet en témoigne), mais qui ont du mal à " actualiser " leur image, aussi bien médiatique que sur le terrain, notamment auprès des jeunes générations entrant dans le monde du travail. Dans une société du spectacle où l’on engage rarement l’opinion publique à réfléchir au-delà du slogan et de l’événement éphémère, cette dialectique ne sera pas sans conséquence.
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