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  • Photo du rédacteurBernard Vivier

Nouveaux risques de tensions sociales

La journée de manifestations prévue le 25 janvier 2001 dépasse, dans ses enjeux, le dossier des retraites. Elle est un test de la capacité des syndicats à mobiliser sur d'autres thèmes.


Coup sur coup, la grogne des organisations syndicales va s’exprimer : le 25 janvier, sur les retraites ; le 30 janvier, sur les salaires des fonctionnaires.


A l’occasion de ces deux manifestations, l’unité syndicale fonctionnera à plein. Aucune organisation ne manquera à l’appel. Le fait est significatif. Concernant les retraites, l’ensemble des confédérations syndicales engagées dans la refondation sociale (y compris la CFDT, pourtant très désireuse de trouver des points de contact plutôt que des points de rupture avec son interlocuteur patronal) marquent le pas vis-à-vis du MEDEF. Après le demi-succès (ou le demi-échec, selon la perspective que l’on adopte) de la méthode déployée dans la conduite des négociations, Denis KESSLER persévère. Fort du soutien massif du MEDEF et comptant sur le désir de ses interlocuteurs de ne pas renvoyer le dossier des retraites aux calendes grecques (les syndicats sont soucieux de traiter le dossier sur le fond), le négociateur en chef du MEDEF joue, une fois encore, la carte du " c’est à prendre ou à laisser ".


A la différence du dossier de l’assurance-chômage, où les organisations syndicales avaient à gérer une pression essentiellement extérieure à elles (celle des associations de chômeurs), le dossier des retraites n’est pas un dossier facile à traiter pour les négociateurs syndicaux. En effet, la pression interne existe, qu’illustre la présence importante des retraités dans leurs rangs. La proportion des retraités est de l’ordre du quart du total des syndiqués en France, la CGT allant même jusqu’à rendre publique cette situation (498.373 actifs et 143.619 retraités revendiqués en 1997). La montée en puissance d’organisations de retraités, extérieures et concurrentes du mouvement syndical fait également naître une pression extérieure.


Concernant les salaires des fonctionnaires, la grève du 30 janvier a été décidée à l’appel de toutes les organisations syndicales : FSU, CGT, CFDT, FO, UNSA, CFTC, CGC. C’est la première manifestation unitaire depuis les grèves de novembre-décembre 1995. Après l’échec des négociations sur les 35 heures, l’État se trouve, en tant qu’employeur, à nouveau sur la défensive. Par delà les questions de durée du travail ou de rémunérations, c’est la qualité du dialogue social qui se trouve affectée. Ainsi, les différents chantiers de la refondation sociale patinent tandis que les négociations salariales dans la fonction publique ne débouchent pas. D’autres facteurs de tensions sociales existent :


  • les restructurations d’entreprise (exemple : Danone), dont l’annonce n’est pas toujours bien maîtrisée ;

  • les exigences salariales nées de la reprise économique et l’anticipation qu’effectuent les salariés sur les résultats financiers de leur entreprise ;

  • " l’effet-boomerang " de la loi sur les 35 heures dans les grandes entreprises qui pour créer des emplois, ont obtenu un accord syndical sur la modération salariale, accord aujourd’hui bousculé par le facteur décrit ci-dessus ;

  • la perspective des élections prud’homales de 2002 qui, plus que les échéances électorales politiques du printemps 2002, poussent les organisations syndicales à s’affirmer publiquement. Les grandes confédérations, aiguillonnées par de nouveaux compétiteurs (SUD, UNSA tout particulièrement) ne seront pas en reste. Cette échéance apparaît encore éloignée dans les équipes syndicales d’entreprise. Elle ne l’est pas dans les états-majors syndicaux. Dans les " Dernières nouvelles d’Alsace " (17 janvier 2001), la CGT explique pourquoi elle met l’accent sur le développement de ses unions locales dans le Bas-Rhin : " la campagne prud’homale est lancée ".

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