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Comment est élu le secrétaire général de Force ouvrière ?

Le successeur de Marc BLONDEL sera élu à l'occasion du congrès confédéral, mais pas par celui-ci.


Le secrétaire général de la CGT-Force ouvrière n’est pas élu par le congrès de la confédération qui se tient tous les trois ans, non plus d’ailleurs que les autres membres du Bureau confédéral qui ont le titre de secrétaires confédéraux. Tous sont élus, à l’occasion du congrès et son dernier jour, par un organe beaucoup plus important dans le gouvernement de la Confédération, le Comité confédéral national ou CCN.


Organe caractéristique de la démocratie syndicale qui, en bien des points, diffère de la démocratie politique, le CCN n’est pas formé demembres éluspar le congrès, c’est-à-dire par l’ensemble des syndicats, mais par desmembres de droitqui y siègent en vertu de leurs fonctions : les secrétaires des fédérations professionnelles et les secrétaires des unions départementales. C’est un peu comme si le Sénat était constitué des présidents des conseils généraux et des conseils régionaux, sans qu’on ait recours à l’élection, même au second degré.


Entre autres attributions, le CCN élit, après chaque congrès, une commission exécutive de 35 membres, qui se réunit au moins une fois par mois et le Bureau confédéral qui, précisent les statuts, doit obligatoirement comprendre un secrétaire général et un trésorier.


Ajoutons que, pour ne pas donner plus de poids dans les votes aux Unions départementales qui sont plus nombreuses que les Fédérations, il est précisé que chaque UD dispose d’une voix, chaque fédération d’un nombre de voix égal au nombre des UD divisé par celui des fédérations.


Rien d’autre n’est dit dans les statuts sur l’élection du Bureau confédéral, et cela n’est pas sans inconvénient comme on eut l’occasion de le voir en 1989, lors de l’élection de Blondel au poste de secrétaire général.



Le texte est assez vague pour permettre une autre pratique que celle qui s’est établie. Le CCN aurait pu élire le Bureau confédéral en laissant à celui-ci le soin de choisir en son sein le secrétaire général et le trésorier, mais, selon l’interprétation qui a prévalu, c’est le CCN qui élit lui-même séparément les titulaires de ces deux fonctions.


Reste à savoir comment s’effectue le vote et ce fut là-dessus qu’éclata la querelle en 1989. Le vote se ferait-il sur un mandat impératif et au scrutin public, ou bien serait-il effectué à bulletin secret, chaque membre du CCN votant en son âme et conscience, même si auparavant son état-major fédéral ou départemental lui avait donné son indication de vote ?


L’esprit de la démocratie libérale exige que le vote soit secret lorsqu’il s’agit de nommer des personnes. Sous la Troisième République, à qui nous devons l’implantation de la démocratie dans notre pays, nul ne devait savoir (et surtout pas l’élu) comment chaque membre du congrès avait voté lors de l’élection du Président de la République. C’est la condition même de la liberté du vote. Si on ne la respecte pas, on désigne l’électeur minoritaire à toutes les représailles.


Quand sera-t-il cette fois-ci ? Le retrait de Jean-Claude Mallet de la compétition ne laisse plus en lice qu’un seul candidat. Cela peut fournir le prétexte à un vote d’unanimité qui dissimulerait les désaccords. A quoi bon laisser entrevoir des désaccords puisque, de toutes façons, l’élection en quelque sorte, faute de compétiteur, est déjà faite ?


Sans doute en fut-il ainsi en 1964, lors de l’élection de Bergeron. Mais, alors, les deux compétiteurs s’étaient-ils mis d’accord pour que l’un d’eux se retire, et ce fut Ventejol qui rentra dans le rang après qu’ils eussent fait ensemble le compte des voix que chacun d’eux recueillerait, calcul aisé quand le collège électoral est si peu nombreux, chacun des électeurs connu personnellement par les candidats. L’unanimité alors ne se fit pas dans la confusion - ce qui n’empêcha pas que le vote fut secret et les bulletins brûlés après le dépouillement.


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