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Photo du rédacteurBernard Vivier

Gouvernement Fillon : les équipes en charge du social

Dans l'équipe gouvernementale conduite par François Fillon, le traitement des questions sociales fait l'objet d'une organisation nouvelle. L'emploi est dissocié du travail et se trouve rattaché à l'économie et aux finances. Regard sur les hommes et les femmes qui dirigent et composent les cabinets ministériels.


À peine composé le 18 mai dernier, le premier gouvernement Fillon se trouvait en grande partie mobilisé sur les dossiers de l’actualité sociale. En recevant chacune des grandes organisations syndicales et patronales à l’Elysée, entre le 25 et le 30 mai, le président de la République et le premier ministre, entourés de Jean-Louis Borloo (alors ministre de l’économie, des finances et de l’emploi) et de Xavier Bertrand (ministre du travail, des relations sociales et de la solidarité) montraient l’importance qu’ils apportaient à un traitement énergique et rapide à la fois des grands sujets sociaux. Les premiers de ces sujets ne tardaient pas à faire l’objet de mesures gouvernementales et de projets législatifs : heures supplémentaires, service minimum en cas de grève. D’autres sujets étaient énoncés par lettre du premier ministre aux partenaires sociaux pour être discutés lors de rencontres entre intéressés, sous le regard attentif du gouvernement.


Dans le même temps, les équipes gouvernementales se mettaient en place.


Au lendemain des élections législatives (10 et 17 juin), un deuxième gouvernement était installé, complétant et modifiant le précédent.


Concernant les équipes ministérielles en charge des questions sociales, deux caractéristiques apparaissent.

L’emploi et le travail sont dissociés


La première concerne le découpage des responsabilités. Dans les gouvernements antérieurs, les questions liées à l’emploi, au travail, aux relations professionnelles et - souvent - à la formation professionnelle se trouvaient gérés dans un même ministère, communément appelé « ministère du travail » et domicilié au 127, rue de Grenelle à Paris. Dans le gouvernement Villepin, les attributions étaient certes scindées en deux, M. Jean-Louis Borloo ayant en charge l’emploi, la cohésion sociale et le logement et M. Gérard Larcher ayant en charge, comme ministre délégué, l’emploi, le travail et l’insertion professionnelle des jeunes. Mais il s’agissait toujours d’une même entité ministérielle.


La composition du gouvernement Fillon créée une rupture. Dès le premier gouvernement Fillon, l’emploi s’est trouvé rattaché à l’économie et aux finances. Le ministre nommé, Jean-Louis Borloo, était invité à s’établir à Bercy, tandis que Xavier Bertrand s’installait rue de Grenelle, à la tête du ministère du travail, des relations sociales et de la solidarité. Les deux hommes n’étaient pas novices en la matière. Jean-Louis Borloo et Xavier Bertrand quittaient tout juste un ministère social dans le gouvernement Villepin, le premier à l’emploi et à la cohésion sociale, le second à la santé et aux solidarités.



C’est la croissance qui nourrit l’emploi


Mais le changement de logique était bien là. En rattachant l’emploi à l’économie, le gouvernement entendait affirmer le lien naturel entre les réformes économiques et les réformes sociales.


La composition du deuxième gouvernement Fillon, le 19 juin, n’a pas changé cette logique d’action. Elle a, en revanche, modifié l’équipe des ministres. Jean-Louis Borloo, désormais en charge du ministère d’Etat en charge de l’écologie, du développement et de l’aménagement durables (pour succéder à Alain Juppé, battu aux élections législatives), est remplacé à Bercy par Christine Lagarde, ministre de l’agriculture et de la pêche dans le premier gouvernement Fillon et précédemment ministre du commerce extérieur dans le gouvernement Villepin. Les partenaires sociaux vont apprendre à fréquenter un ministre réputé pour sa grande connaissance des questions économiques et sa haute compétence mais, à la différence de Jean-Louis Borloo, qui n’a pas eu à gérer un ministère traitant des questions sociales. A l’évidence, cette nouvelle répartition des compétences renforce la lecture d’un gouvernement attaché à souligner le lien entre production et emploi, entre création de richesses et création d’emplois.


L’Elysée contrôle


La deuxième caractéristique du gouvernement touche à l’organisation des équipes et des cabinets ministériels.


L’annonce du premier gouvernement Fillon a été l’occasion d’une communication soulignant la dimension restreinte du gouvernement : 7 femmes ministres, 8 hommes ministres et quelques secrétaires d’Etat. Si le deuxième gouvernement a vu la création de secrétariats d’Etat supplémentaires, les deux gouvernements Fillon auront présenté les caractéristiques d’une équipe resserrée, composée d’hommes et de femmes d’une solide expérience de la politique et des affaires publiques.


En fait, ce resserrement de l’équipe gouvernementale s’accompagne tout à la fois d’un renforcement des pouvoirs de l’Elysée et de Matignon et d’un nombre important de conseillers dans les cabinets ministériels.

Repères 22 avril 2007 : 1er tour de l’élection présidentielle 6 mai 2007 : 2nd tour de l’élection présidentielle 18 mai 2007 : composition du premier gouvernement Fillon 10 juin 2007 : 1er tour des élections législatives 17 juin 2007 : 2nd tour des élections législatives 19 juin 2007 : composition du deuxième gouvernement Fillon

Des cabinets ministériels étoffés


Les initiatives des ministres sont suivies au plus près par l’Elysée, à travers Matignon. Les équipes de conseillers techniques sont devenues importantes à l’Elysée et exercent un suivi - pour ne pas dire un contrôle - minutieux des travaux ministériels, par delà le rôle traditionnel de coordination du Premier ministre. Celui-ci n’a donc plus la même autonomie d’action qu’autrefois. Le raccourcissement du mandat présidentiel de sept à cinq ans produit des effets sur la relation Président - Premier ministre ; il invite ce dernier à un rôle de gestionnaire de décisions prises par le précédent. Le tempérament personnel du nouveau chef de l’Etat ne peut que renforcer cette évolution. A l’Elysée, le secrétaire général Claude Guéant et la directrice de cabinet Emmanuelle Mignon disposent d’équipes nombreuses tandis que des hommes de poids (on pense à Henri Guaino) et d’expérience (on pense à Raymond Soubie) vont indiscutablement compter dans la définition des projets sociaux du gouvernement.


Les décisions gouvernementales des mois à venir relatives aux questions sociales (comme aux autres questions) s’annoncent donc préparées et gérées par des ministres établis sur le plan politique et entourés de cabinets fournis. Elles s’annoncent surtout coordonnées avec soin par les techniciens de Matignon et, bien plus encore, contrôlées par ceux de l’Elysée.


On trouvera ci-après une présentation rapide des ministères ayant en charge les questions sociales (au sens large) ainsi que la composition des deux principaux, conduits par Xavier Bertrand et Christine Lagarde.


1. Les principaux ministères en charge du social.



2. Le ministère du travail, des relations sociales et de la solidarité.


Adresse : 127, rue de Grenelle - 75007 Paris. Attributions : Le ministre du Travail, des Relations sociales et de la Solidarité prépare et met en œuvre la politique du Gouvernement en matière de droit du travail, ainsi que de prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles. Il élabore la politique en faveur de la famille, de l’enfance, des personnes âgées et des personnes handicapées. Il est compétent en matière de droits des femmes, de parité et d’égalité professionnelle. Sous réserve des attributions du ministre du logement et de la ville et du ministre du budget, des comptes publics et de la fonction publique, il est également compétent dans les domaines de l’action sociale et de la protection sociale.

Le ministre :



Le cabinet :

Directeur du Cabinet : Jean Castex Administrateur civil, ancien directeur du cabinet de Xavier Bertrand (santé). Ancien conseiller référendaire, ancien secrétaire du Comité de liaison entre la cour des comptes et les Chambres régionales des comptes, ancien secrétaire général de la préfecture du Vaucluse, ancien président de la chambre régionale des comptes d’Alsace, ancien directeur de l’hospitalisation et de l’organisation des soins au ministère de la santé, professeur associé à l’université de Strasbourg III, maître de conférences de finances publiques à l’ENA.

Conseiller auprès du ministre, Chef du Cabinet : Michel Bettan Ancien conseiller auprès du ministre, chef du cabinet de Xavier Bertrand (santé), ancien assistant parlementaire de Gilles Carrez (député et rapporteur général), ancien chef de cabinet et conseiller auprès de Xavier Bertrand (Assurance maladie).

Directrice adjointe du Cabinet : Françoise Weber Médecin spécialiste en pharmaco-épidémiologie. Ancienne conseillère technique puis directrice adjointe aux cabinets de Xavier Bertrand puis Philippe Bas (santé). Ancienne chef du service de l’évaluation du médicament, responsable du secrétariat scientifique et administratif de la commission de la transparence à l’agence française de sécurité sanitaire des produits de santé et à la haute autorité de santé.

Directeur adjoint du Cabinet : Nicolas Bossard-Demolin Maître de conférences à l’IEP de Paris. Ancien conseiller technique aux cabinets de Xavier Bertrand puis de Philippe Bas (santé). Ancien chef du bureau de la couverture maladie universelle et de l’accès aux soins.

Conseiller pour la communication : Florence Depret Ancienne directrice conseil public affairs Euro RSCG C&O, ancienne chargée de mission à la DRPP du MEDEF, ancienne assistante parlementaire d’Yves Bur.

Conseillère chargée des relations avec le Parlement et les élus : Sophie Gaugain Ancienne conseillère parlementaire de Xavier Bertrand (santé), ancienne collaboratrice parlementaire de Nicole Ameline (député), ancienne conseillère technique de Nicole Ameline (Egalité professionnelle puis Parité).

Conseillère technique chargée des relations avec le Parlement : Anne-Gaëlle Simon Ancienne conseillère technique chargée des relations avec le Sénat au cabinet d’Henri Cuq (relations avec le Parlement), ancienne collaboratrice d’Henri Cuq (député des Yvelines), ancienne conseillère technique d’Henri Cuq (relations avec le Parlement) chargée des relations avec le Sénat.


3. Le ministère de l’économie, des finances et de l’emploi.

Adresse : 139, rue de Bercy - 75012 Paris. Attributions : Le ministre de l’Economie, des Finances et de l’Emploi exerce, outre ses responsabilités traditionnelles en matière économique et financière, les attributions relatives à la défense et à la promotion de l’emploi et à la formation professionnelle. Il exerce également les attributions relatives aux petites et moyennes entreprises, au commerce, à l’artisanat et aux professions libérales ainsi que celles relatives au tourisme. Il est compétent en matière de stratégie industrielle et est associé à la définition et à la mise en œuvre de la politique dans le domaine des industries agroalimentaires et forestières.

Le ministre :


Le cabinet :

Directeur du Cabinet : Stéphane Richard Inspecteur des finances, ancien directeur général adjoint, directeur de la division transport de Véolia environnement. Ancien président-directeur général de Nexity (ancienne compagnie générale d’immobilier et de service-CGIS), ancien collaborateur de Dominique Strauss-Kahn (industrie et commerce extérieur).

Directrice adjointe du Cabinet : Sophie Boissard Maître des requêtes au Conseil d’Etat. Ancienne commissaire au plan puis directrice générale du Centre d’analyse stratégique. Ancienne directrice du cabinet de Gérard Larcher (travail) et directrice adjointe du cabinet de Jean-Louis Borloo (emploi et cohésion sociale), ancien rapporteur général de la commission d’accès aux documents administratifs (CADA).

Conseiller technique pour la politique fiscale : Christophe Bonnard Egalement conseiller au cabinet d’Eric Woerth Inspecteur des finances. Ancien chef de bureau à la direction générale des impôts, ancien chargé de mission à la direction de la législation fiscale à la direction générale des impôts.

A l’heure où nous bouclons cet article, la liste des autres membres du cabinet n’a toujours pas été rendue publique. La désignation de Madame Lagarde à ce poste remonte au 19 juin dernier. Le répondeur de son ministère mentionne encore l’intitulé porté sous le gouvernement Villepin (« Ici le ministère de l’économie, des financeset de l’industrie ») et invite à patienter en compagnie du concerto n°23 de Mozart...


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