Elu par le Comité confédéral national à l’occasion du 52ème congrès confédéral (13 au 17 mai 2019 à Dijon), le Bureau confédéral a confirmé Philippe Martinez comme secrétaire général. L’organe exécutif de la CGT passe de 10 à 12 membres.
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Dans le cadre du 52ème congrès de la CGT, le Comité confédéral national (CCN) a procédé, le 17 mai 2019, à la désignation du Bureau confédéral de 12 membres, dont un secrétaire général et un administrateur (c’est-à-dire trésorier).
Le 3 février 2015 (entre deux congrès), Philippe Martinez avait été choisi par le CCN pour succéder à Thierry Lepaon, démissionnaire avec l’ensemble du Bureau confédéral sortant.
Au 51ème congrès (18 au 22 avril 2016 à Marseille), Philippe Martinez avait été réélu à la Commission exécutive confédérale avec 95,4 % des suffrages exprimés puis reconduit dans son mandat de secrétaire général de la confédération.
Au 52ème congrès (13 au 17 mai 2019 à Dijon), il était reconduit à la Commission exécutive confédérale puis le 17 mai matin, choisi par le CCN pour un nouveau mandat de secrétaire général.
- Philippe Martinez -
Né le 1er avril 1961 à Suresnes, Philippe Martinez est entré chez Renault, à l’usine de Boulogne-Billancourt en 1982, où il figure toujours aux effectifs, comme technicien.
Sa carrière syndicale à la CGT démarre aussitôt, dans un des bastions militants de la CGT et du PCF.
Lors de la fermeture de l’usine Renault à Vilvoorde en Belgique en 1997, il est délégué syndical central.
En mars 2008, il succède à Daniel Sanchez, lui-même militant de chez Renault, comme secrétaire général de la Fédération CGT des métaux, la troisième fédération de la CGT et la première du secteur avec 62 131 adhérents (chiffre 2012). Sa compagne, Nathalie Gamiochipi a été secrétaire générale de la Fédération CGT de la santé, la deuxième de la CGT avec 74 725 adhérents (en 2012).
Philippe Martinez est entré à la Commission exécutive confédérale en mars 2013, au 50ème congrès confédéral. Longtemps fidèle au Parti communiste, qu’il indique avoir quitté en 2002 (il n’y a pas exercé de responsabilité nationale), il manifeste aujourd’hui un comportement prudent et pragmatique. Son caractère est tout à la fois ferme et ouvert à la discussion. Positionné sur une ligne favorable à un syndicalisme de lutte de classes et attentive aux exigences du Parti communiste, il est entouré de plusieurs dirigeants proches ou engagés au Parti communiste ou des partis trotskystes (NPA, Lutte ouvrière). Le 52ème congrès confédéral aura été marqué par le renforcement de cette ligne marxiste, illustrée par le vote au congrès d’une résolution affirmant le besoin d’une convergence avec la Fédération syndicale mondiale, la FSM.
Dans la branche automobile de sa fédération (Renault et PSA), Philippe Martinez a dû composer avec une tendance Lutte ouvrière en plein essor, qui profite du renouvellement des générations dans les sites de production et occupe de nouveaux postes et mandats CGT.
Dans son discours d’ouverture comme celui de clôture du 52ème congrès confédéral, Philippe Martinez a souligné l’importance d’un syndicalisme de classe et de masse. Mais le même Philippe Martinez déclarait aussi que « le syndicalisme est par essence réformiste » (entretien au journal Le Monde, 22 septembre 2015). Son positionnement personnel concernant le rapprochement avec la FSM n’est pas celui d’un grand enthousiasme et le vote du 52ème congrès a quelque peu donné le sentiment que Philippe Martinez a fait sien le propos de Ledru-Rollin : « Je suis leur chef, donc je les suis ».
Philippe Martinez
Au sein de la CGT, la Fédération des travailleurs des métaux représente aujourd’hui quelque 10 % du total des adhérents CGT, proportion comparable à celle des décennies passées (hormis la période 1962 à 1986, où la Fédération a représenté environ 15 % des effectifs CGT, approchant même les 19 % au début des années 1970).
Dans son histoire, la CGT a connu deux secrétaires généraux venus de la métallurgie : Benoit Frachon (1893 – 1975), secrétaire général de la CGT de 1945 à 1967 puis président de la CGT jusqu’à sa mort et Henri Krasucki (1924 – 2003), secrétaire général de 1982 à 1992.
Benoit Frachon, ouvrier métallurgiste en 1906 (à l’âge de 13 ans à Chambon-Feugerolles dans la Loire) eût un certain parcours en entreprise jusqu’en 1924, date où il devint permanent de la CGTU communiste. Henri Krasucki eût, pour sa part, une carrière en entreprise très brève : une année de fin 1939 à fin 1940 (moment de son entrée dans la Résistance communiste, avant sa déportation) puis, à la Libération, quelques mois comme ouvrier ajusteur, avant son engagement comme permanent à la CGT et au PCF.
- La Commission exécutive confédérale -
A la CGT, l’organe de direction véritable est le Comité confédéral national (CCN), composé des secrétaires généraux des fédérations professionnelles et des unions départementales.
La Commission exécutive confédérale (CEC) n’est pas, contrairement à ce que son intitulé pourrait l’indiquer, le véritable « exécutif » de la CGT. Elle n’en est pas même le « parlement », comme une formule souvent utilisée dans les média le laisse entendre. Tout au moins dans sa capacité à diriger. Elle est, certes, un lieu de débats, d’échanges, d’orientation mais elle ne peut ni désigner ni démettre le secrétaire général et les autres membres du Bureau confédéral.
C’est le CCN qui :
compose le Bureau confédéral, lui et lui seul.
établit la liste des candidats à la CEC, liste qui est ensuite élue par le congrès.
Au 52ème congrès de Dijon, le CCN s’est réuni le vendredi 17 mai matin pour finaliser la liste des membres du Bureau confédéral, présentée aussitôt après en séance plénière du congrès.
Le processus de composition de la CEC a, tout pareillement, été contrôlé par le CCN. Après un dernier réglage le mercredi 15 mai au soir, une liste de 60 noms a été présentée le lendemain 16 mai au vote des délégués au congrès.
Lors de sa réunion des 15-16 novembre 2018, le CCN avait enregistré 85 candidatures venues des organisations CGT pour intégrer la future CEC. Cette liste a été retravaillée sous le regard très attentif de Philippe Martinez.
Réduite à 58 noms au CCN des 29-30 janvier 2019, elle a fait l’objet d’un dernier réglage le 15 mai, au cours du congrès.
Ce réglage ne s’est pas fait sans heurts. La liste retenue le 15 mai au soir, au sein du CCN, n’a pas fait l’unanimité et, le 16 mai en toute fin de journée (entre 19h00 et 20h00), la présentation aux congressistes a donné lieu à des interventions soutenant cinq candidatures non retenues par le CCN : Yves Quignon (UD 59), Sandra Buaillon (UD 75), Gérard Le Corre (UD 76), Gisèle Vidallet (UD 31) et Mireille Stivala (Fédération Santé).
Le rejet de ces deux dernières candidatures par le CCN n’est pas sans signification. Gisèle Vidallet était membre sortant du Bureau confédéral ; elle ne siège désormais ni au Bureau confédéral ni à la CEC. Mireille Stivala, secrétaire générale de la deuxième fédération de la CGT (Santé et action sociale), représente une fédération qui, en 2015, n’avait pas souhaité installer Philippe Martinez au poste de secrétaire général de la CGT et dont la secrétaire générale, proche de Philippe Martinez n’avait pas suivi le mandat.
On note, en revanche, que Philippe Martinez, est désormais entouré au Bureau confédéral de deux militants venus de la métallurgie, son secteur professionnel d’origine : David Gistau (présenté par l’UD de l’Aveyron) et Boris Plazzi (présenté par la fédération Métaux).
La CEC est ainsi composée de 60 militants :
- 30 sortants et 30 nouveaux
- âge moyen : 47 ans
- 30 hommes et 30 femmes
- 27 du secteur public, 32 du privé, 1 retraité et 1 chômeur
- 8 ouvriers, 18 employés, 12 techniciens, 6 agents de maîtrise et 15 cadres
Comme on le voit, la composition de la CEC a été finement préparée. Du « cousu main », en quelque sorte.
- Le Bureau confédéral -
Secrétaire général :
Philippe Martinez (sortant)
58 ans, technicien
Métallurgie, privé (+ UD 78 Yvelines)
Administrateur :
David Dugué (sortant)
48 ans, cadre
FILPAC, privé (+UD 13 Bouches du Rhônes)
Secrétaires :
Fabrice Angei (sortant)
59 ans, cadre
Services publics, public (+UD 83 Var)
Angélique Barth (nouvelle)
44 ans, cadre
Spectacle, privé (+UD 75 Paris)
Pascal Bouvier (sortant)
50 ans, ouvrier
Maine et Loire, privé (+FD Construction)
Virginie Gensel-Imbrecht (sortante)
49 ans, cadre
Mines-Energie, public (+UD 92 Hauts de Seine)
David Gistau (nouveau)
48 ans, ouvrier
Aveyron, privé (+FD Métaux)
Véronique Martin (nouvelle)
51 ans, agent de maîtrise
Cheminots, public (+UD 93 Seine Saint-Denis)
Catherine Perret (sortante)
54 ans, cadre
FERC, public (+UD 58 Nièvre)
Boris Plazzi (nouveau)
41 ans, ouvier
FD Métaux, privé (+UD 69 Rhône)
Nathalie Verdeil (nouvelle)
49 ans, technicienne
Eure, public (+FD Finances)
Céline Verzeletti (sortante)
49 ans, employée
UGFF, public (+FD Finances)
David Dugué
5 nouveaux, 3 sortants
6 femmes / 6 hommes
âge moyen = 50 ans
catégorie professionnelle : ouvrier, employé = 4
technicien, agent de maîtrise = 3
cadre = 5
présenté par fédération = 9
présenté par UD = 3
secteur privé = 6
secteur public = 6
A lire aussi dans Les Etudes sociales et syndicales :
07 mai 2019 : La CGT en bref
27 avril 2016 : Philippe Martinez et le nouveau Bureau confédéral de la CGT
12 janvier 2015 : Qui dirige la CGT ?
20 mars 2013 : Les structures de la CGT
18 mars 2013 : Thierry Lepaon : biographie express
14 mars 2013 : CGT 1999 – 2013 : les années Thibault
28 janvier 2010 : Bernard Thibault dans le Who’s who : et alors ?
18 décembre 2009 : CGT : réorganiser les structures
20 février 2004 : Les secrétaires généraux de la CGT et de la CGT-FO de 1895 à 2004
30 janvier 2004 : Comment est élu le secrétaire général de Force ouvrière ?
12 avril 2003 : Bernard Thibault et le Parti communiste
28 mars 2003 : Biographie de Bernard Thibault
20 septembre 2001 : Les relations CGT-PC : où en est-on ?
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