La CGT déclare une remontée de ses effectifs cotisants. Mais les subventions publiques dépassent aujourd'hui notablement le produit des cotisations.
A la veille de son 47ème Congrès qui s’ouvrira à Montpellier le 24 mars 2003, la CGT a publié, comme ses statuts l’y obligent, le rapport financier que le Bureau Confédéral soumet à la connaissance des syndiqués avant de le proposer à l’approbation du Congrès (Le Peuple, 4 décembre 2002).
Conformément à la tradition, ce rapport fournit des informations sur les recettes et dépenses de la CGT durant les quatre années qui se sont écoulées depuis le précédent congrès confédéral tout comme sur les effectifs confédéraux.
- Les effectifs -
Commençons par les effectifs.
Pour se faire une idée plus complète de l’évolution, nous ajoutons aux effectifs des années 1998-2001 tels que nous les donne le présent rapport, ceux des années 1992-1997, puisés dans les rapports présentés aux congrès précédents.
Nous aurions pu remonter plus haut jusqu’en 1968, date à laquelle la CGT a recommencé à rendre public le nombre de ses adhérents, mais il ne serait pas honnête de prendre pour point de départ de l’évolution ’ une véritable dégringolade ’ les effectifs annoncés pour les plus anciennes années de la série, car les nombres fournis alors étaient sans doute très gonflés.
Qui pourrait jurer qu’en 1975, année où elle aurait atteint le sommet, la CGT comptait effectivement 2 377 551 adhérents, dont 2 074 072 actifs et 303 479 retraités ?
Nous pensons que les données numériques qui nous sont fournies depuis dix ans sont plus crédibles, qu’elles n’ont pas été affectées par un « coefficient multiplicateur », comme on disait jadis à la CFTC, quand se préparait la scission qui devait donner naissance à la CFDT.
Notre point de départ sera 1992, date à laquelle les effectifs de la CGT furent au plus bas, non sans noter toutefois qu’en 1987, la CGT comptait encore, d’après ses dires, 1 030 843 adhérents, dont 797 662 actifs et 233 181 retraités.
Les comptes pour 2001 ont été arrêtés au 31 octobre 2002. Il se peut donc ’ c’est, hélas ! une habitude syndicale ’ que toutes les cotisations 2001 ne fussent pas parvenues à cette date à la trésorerie confédérale. Mais il ne devait pas en manquer beaucoup, car à la veille des congrès confédéraux, les trésoriers des syndicats et des fédérations montrent un peu plus de hâte : ils savent que le nombre de voix dont leur syndicat et, partant, leur fédération disposeront au congrès dépend du nombre des cotisations parvenues en temps utile à la trésorerie confédérale.
De 1992 à 2000, les effectifs globaux ne se sont accrus que de 31 751 syndiqués, soit 4,97%, ce qui ne traduit pas une remontée bien vigoureuse.
Toutefois, et c’est un assez bon signe, le nombre des actifs a cru davantage : 51 815 de plus soit 10,6%, soit un peu plus de 1% par an. Par les temps qui courent, ce n’est pas négligeable.
Le mouvement s’est même accéléré ces dernières années, puisque de 1998 à 2000, la CGT a fait 38 310 adhérents de plus, soit 7,68%, la progression ayant été particulièrement forte en 1999 : 3,39% pour l’ensemble des adhérents et 5,62% pour les actifs.
Autre fait caractéristique : si le nombre des actifs s’accroît légèrement d’année en année, celui des retraités ne cesse de se tasser ce qui est assez étonnant, du fait :
- que le nombre des retraités est de plus en plus grand dans la société,
- et que beaucoup d’entre eux arrivent plus jeunes à la retraite, ce qui devrait faciliter, pour ceux qui furent syndiqués dans leur période d’activité, la continuation d’une activité syndicale.
- Les recettes externes -
Les deux principaux postes de recettes au niveau confédéral sont :
- les cotisations des adhérents, dont le trésorier confédéral, en son rapport, nous assure que c’est sur elles que « repose avant tout l’indépendance syndicale ».
- les recettes externes, c’est-à-dire ce qui revient à la confédération des subventions que lui accorde la puissance publique pour l’aider à financer certaines de ses activités, notamment ses diverses activités de formation.
C’est en 1995 seulement que le rapport financier a commencé à présenter séparément ce qu’il désignait alors sous l’appellation de « subventions affectées ». Elles s’élevaient cette année-là à 11 215 205 francs, sur un budget de 52 695 799 francs, soit 21,28%. Le total des cotisations s’élevait , cette même année 1995 à 19 364 964 francs, soit 36,74% de l’ensemble des recettes.
Ces dernières années, l’évolution a été la suivante :
Le montant des subventions n’a pas cessé de croître, au point de dépasser notablement le produit des cotisations.
La CGT a d’autres ressources : le reversement par les membres du Conseil économique et social de leur indemnité à la trésorerie confédérale (4 242 671 francs en 2001), la vente du matériel syndical, les produits financiers, etc. Au total, ses recettes se sont élevées à 83 463 551 francs.
Les 40 057 054 francs de subventions diverses ont donc représenté 48% de ses ressources.
Ce à quoi il faudrait ajouter les subventions que perçoivent les fédérations professionnelles, les unions départementales et certains syndicats.
Bien entendu, ce qui est vrai de la CGT l’est aussi des autres confédérations dans des proportions variables de l’une à l’autre.
C’est une grande faiblesse du mouvement syndical français et surtout une preuve éclatante de la méfiance que certains de ses comportements ont éveillé chez les travailleurs salariés que cette incapacité à subvenir lui-même à ses besoins financiers.
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