Dans Candide, Voltaire affirmait que « le travail éloigne de nous trois grands maux : l'ennui, le vice et le besoin ». Il avait raison. L'humour aussi, qui éloigne de nous l'ennui, le vice et le besoin de se prendre au sérieux.
1. A l’embauche
Savoir compter
C’est une société qui cherche un comptable. Elle passe une annonce dans le « Firagot » et dans « Bonnes mines et carrières », du groupe « Lésions sociales ».
Après avoir opéré une première sélection des candidatures parvenues par courrier, le chef du personnel convoque quatre candidats pour le matin.
Le premier est un homme, d’allure rigoureuse, militaire jusqu’à présent.
- « Bonjour, Monsieur. Nous cherchons à pourvoir une place de comptable. De façon à tester vos capacités, je vous demande de bien vouloir commencer à compter.
- Mais bien sûr : une-deux, une-deux, une-deux,...
- Merci, merci, laissez-nous le temps de la réflexion, nous avons d’autres candidats à recevoir. ».
La seconde personne est, elle aussi, d’allure rigoureuse. C’est une ancienne contractuelle.
- « Bonjour. Je vais vous demander de compter jusqu’à dix.
- Pas de problème : un, trois, cinq, sept, neuf.
- Ah ? Vous m’avez bien dit avoir rédigé de nombreuses contraventions ?
- Oui, bien sûr. Mais je faisais toujours les rues côté impair.
- Merci d’être venue. Nous vous tiendrons au courant ».
La troisième candidate est une femme élégante, professeur de musique. Pourquoi pas ? se dit le chef du personnel qui se dit qu’un esprit artistique n’exclut pas, surtout chez un musicien, le sens de la mesure. Il lui demande pareillement de commencer à compter :
- « Et un et deux et trois et quatre. Et un et deux et trois et quatre...
- Votre candidature ne manque pas d’allure. Laissez-nous rencontrer l’ensemble des candidats ».
Le quatrième candidat a travaillé aux impôts pendant quinze ans, au service de vérification et de contrôle. C’est donc un profil sérieux. De fait, à peine lui est-il demandé de compter qu’il se lance sans hésitation :
- « Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit,...
- Bon, bon, c’est bien. Nous allons vous tenir au courant de notre choix ».
En début d’après-midi, le chef du personnel fait le point sur l’ensemble des candidats. Le choix est facile. Il se décide à convoquer l’agent des impôts pour le lendemain matin. Mais dans la nuit, un doute l’a saisi. Comment donc un fonctionnaire des impôts arrive-t-il à compter aussi vite ?
Lors de la rencontre, il lui demande par acquis de conscience, de compter à nouveau.
- « Bien sûr, bien sûr. Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit, neuf, dix, valet, dame, roi ».
Spécial DRH
Un jour, alors qu’elle marchait dans la rue, une femme « DRH » à qui tout réussit, est tragiquement heurtée par un autobus et meurt.
Son âme arrive au Paradis où elle est accueillie par Saint Pierre.
- « Bienvenue au Paradis » dit Saint Pierre. « Mais avant de vous installer ici, il semble que nous ayons un problème. Voyez-vous, c’est plutôt étonnant, mais nous n’avons jamais eu de femme « DRH » jusqu’ici et nous ne sommes pas tout à fait sûrs de ce que nous devons faire de vous.
- « Aucun problème, laissez-moi simplement entrer » dit la femme.
- J’aimerais bien mais j’ai des ordres qui viennent d’en haut. Ce que nous allons faire, c’est vous laisser passer un jour en Enfer et un jour au Paradis et ainsi vous pourrez choisir où vous voudrez passer l’éternité.
- Je pense que j’ai déjà fait mon choix...Je préfère rester au Paradis » dit la DRH.
- « Désolé, mais nous avons des règles... ».
Et ainsi Saint Pierre emmena la DRH dans un ascenseur qui descendit en Enfer.
Les portes s’ouvrirent et elle se retrouva sur le green d’un terrain de golf magnifique. Un peu plus loin, il y avait le country club et devant, tous ses amis bien habillés qui l’acclamèrent. Ils s’approchèrent, l’embrassèrent et parlèrent du bon vieux temps. Ils firent un excellent parcours de golf et, le soir, allèrent au country club où ils dégustèrent un excellent homard. La femme rencontra le Diable qui est réellement quelqu’un de charmant et elle passa un merveilleux moment à raconter des histoires et à danser. Elle passa un si bon moment qu’avant qu’elle ne s’en rende compte, il était temps de partir. Tout le monde lui serra la main, lui dit au revoir et elle monta dans l’ascenseur.
Celui-ci retourna au Paradis et elle retrouva Saint Pierre.
- « Maintenant, vous allez passer un jour au Paradis » dit-il.
Elle passa ainsi les 24 heures suivantes allongées paresseusement sur les nuages à jouer de la harpe et à chanter. Elle passa un si bon moment qu’avant qu’elle ne s’en rende compte les 24 heures étaient passées et Saint Pierre était de retour pour l’emmener.
- « Alors, vous avez passé un jour en Enfer et un jour au Paradis. Maintenant, vous devez choisir pour l’éternité » dit-il. La femme réfléchit un instant et répondit :
- « Et bien, je n’aurais jamais cru que je dirais ceci, le Paradis est vraiment bien mais je crois que je me plairai plus en Enfer ».
Alors Saint Pierre l’escorta jusqu’à l’ascenseur et elle descendit de nouveau en Enfer. Quand les portes de l’ascenseur s’ouvrirent, elle se retrouva dans un paysage désolé, plein d’immondices, elle vit ses amis vêtus de haillons ramassant les saletés. Le Diable vint vers elle et l’accueillit.
- « Je ne comprends pas, balbutie la femme, avant-hier j’étais ici, il y avait un parcours de golf et un country club, nous avons mangé du homard, nous avons dansé et nous nous sommes bien amusés. Maintenant, c’est un désert jonché d’immondices et tous mes amis sont misérables ».
Le Diable la regarda et sourit :
- « Vous êtes DRH, vous devriez connaître le principe ! Hier nous vous recrutions, aujourd’hui, vous faites partie du personnel ! ».
Vocation professionnelle
L’inspecteur du ministère de l’éducation nationale demande à un postulant qui désire devenir maître d’école :
- « Pouvez-vous me donner trois raisons qui vous motivent à devenir instituteur ? » Le candidat répond :
- « Décembre, juillet et août ».
Personnel sous statut
La scène se passe à EDF. Elle pourrait se passer aussi à la Poste ou à l’Education nationale.
Le responsable du service informatique s’aperçoit que les câbles reliant les appareils informatiques sont rongés et détruits par des souris. Il s’adresse au responsable du service maintenance, qui lui préconise :
- « Je vais vous laisser un chat. Ce sera très efficace. ». Ce qui est fait, avec succès : les souris disparaissent, il n’y a plus de dégâts.
Le responsable informatique, très content, demande à son collègue s’il ne peut pas intégrer le chat dans son équipe. L’accord est donné, le chat s’installe dans le service.
Quelque temps plus tard, les souris reviennent, les ennuis recommencent. A l’évidence, le chat ne fait plus son travail. Les responsables des deux services s’interrogent.
Personne ne comprend, jusqu’à ce que l’un d’eux s’aperçoive que le chat a été embauché il y a déjà plus d’un an.
- « Et alors ? » demande l’autre. Réponse : « C’est que maintenant il est titularisé ».
2. Au bureau et à l’usine
Du bureau d’études à l’atelier
La théorie, c’est quand on sait comment ça doit marcher et que ça marche jamais.
La pratique, c’est quand ça marche et qu’on ne sait pas pourquoi.
Apprentissage
Un jeune bûcheron est en train de fendre du bois. Un ancien, passant par là, lui dit :
- « Ta hache, mon petit, me fait penser à la foudre.
- A cause de ma rapidité ? demande l’apprenti, tout satisfait.
- Non, mais parce qu’elle ne frappe jamais deux fois au même endroit.
A l’arsenal de Brest
Un ouvrier de l’arsenal de Brest est signalé, noyé dans un bassin, après avoir glissé du bord.
Une équipe de secours se précipite. Avant de remonter le corps, elle s’assure qu’il a bien les mains dans les poches.
Pourquoi ? Pour faire croire qu’il s’agit bien d’un accident du travail.
Sur la route de Louviers
Il est 8h00 du matin. Une équipe des Ponts et Chaussées vient d’arriver en fourgonnette sur le chantier, sur une petite route de campagne à quinze kilomètres de Louviers. Cinq hommes en descendent, qui s’aperçoivent aussitôt qu’ils ont oublié d’emporter les pelles.
Le chef d’équipe est bien ennuyé et décide d’appeler le dépôt. A 9h15, le téléphone répond. Le chef d’équipe demande :
- « Allo ? Roger ? Dis donc, il te reste des pelles au dépôt ? ».
- « Oui, répond Roger, il t’en faut combien ? ».
Le chef d’équipe se retourne et compte, puis répond :
- « Cinq, il nous en faut cinq ».
- « D’accord, lui répond Roger, tu les auras cet après-midi, tu peux venir les chercher ».
Le chef d’équipe se tourne à nouveau vers ses gars :
- « C’est bon, on aura cinq pelles cet après-midi. J’irai les chercher dans un moment ».
- « Et pendant que tu iras les chercher, qu’est-ce qu’on fait ? »
- « En attendant, appuyez-vous les uns sur les autres ».
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