Que signifie "R.T.T." ? Remets Tes Tongs, bien sûr. Quelques histoires drôles sur le travail et la R.T.T.
Remets tes tongs
Si la durée hebdomadaire légale du travail est passée à 48 heures en 1919, elle s’est à nouveau considérablement réduite depuis : 40 heures en 1936, 39 heures en 1982 et 35 heures pour l’ensemble des entreprises depuis le 1er janvier 2002. Ce passage aux 35 heures est le fruit d’une intervention législative entreprise par Mme Martine Aubry, ministre du travail.
Les conséquences pour les entreprises ont été importantes : organisation du travail bousculée, productivité remise en cause. Pour les salariés aussi : impact sur les salaires et les conditions de travail, transformation des styles de vie et de l’organisation du temps.
L’expression « R.T.T. » est entrée dans le langage courant, pour signifier « Réduction du Temps de Travail ». Elle pourrait se traduire autrement. Par exemple :
- RefuseToutTravail
ou
- Reviens deTemps enTemps
ou encore
- RemetsTesTongs
Le mouvement est tel qu’il pourrait remettre en cause de nombreux autres sigles et expressions concernés par la vie sociale.
Dans les entreprises, les DRH (Directions du Repos Hebdomadaire) inviteraient leurs DRS (Directions des Repos Supplémentaires) à négocier la mise en place des 35 heures avec les syndicats...d’initiative.
Au niveau national, des négociations s’avèreraient nécessaires pour remettre les pendules à l’heure entre le MEDEF (Mouvement Etrange de Déclenchement et d’Entraînement à la Fatigue) et les syndicats de salariés concernés, à savoir :
- CGT :Confrérie desGâcheurs deTemps
- CFDT :Compagnie deFacturation et deDétermination duTemps
- CGT-FO :ConfédérationGénérale duTourisme -FatigueOuvrière
- CFTC :Communauté desFidèles de laTong et de laCharentaise
- CGC : Consortium desGérants deCadrans
- UNSA :UnionNationale desSalariésAbsents
- SUD : Solidaires etUnis dans laDistraction
Les négociations s’annoncent longues et délicates, chacun ayant tendance...à voir midi à sa porte.
Mauvais calcul
Il ne faut pas chercher midi à quatorze heures, ça fait perdre deux heures.
Elections municipales
Pourquoi Martine Aubry a-t-elle décidé de briguer la mairie du Mans, dans la Sarthe ?
C’est pour habituer les Français aux 24 heures.
Littérature nouvelle
La Réduction du Temps de Travail va conduire les éditeurs et les auteurs de manuels scolaires à reconsidérer les titres de certains ouvrages. Par exemple :
- « Le Tour du monde en 80 jours » de Jules Verne pourrait devenir Le Tour du monde en 35 jours, après renégociation complète des temps de trajet et des conditions de transport ;
- « Les Contes des Mille et une nuits » se transformeraient en « Contes de Sept Cent et une Nuits, après négociation des compensations salariales (si le conte est bon).
- Le « Journal » de François Mauriac deviendrait « Mémoires à demi-racontées ».
- « Minuit » de Julien Green serait retitré en « Seize heures trente trois ».
- « La vingt-cinquième heure » de Virgil Georghiu serait purement et simplement supprimée des rayons de vente.
Horaires d’été
Entendu dans un délibéré, au conseil des prud’hommes. La question tourne autour des heures supplémentaires.
« En été, on fait le même nombre d’heures, mais plus vite ».
En souvenir de l’Union soviétique
L’Union soviétique était le paradis des travailleurs. C’est en tout cas ce qu’affirmait la propagande officielle.
A preuve, cette histoire qui circulait en URSS dans les années 1970.
Le contremaître d’une usine d’Odessa dit à un ouvrier qui se présente pour trouver du travail :
- « J’aurais bien du boulot pour toi, mais il faut travailler dix heures par jour ».
- « Alors, ce n’est pas possible, fait le pauvre type, je ne peux pas me contenter d’un travail à mi-temps ».
En 1906 déjà
Depuis peu l’parlement
Dans un but humanitaire,
Vient d’voter c’t’épatant
Le repos hebdomadaire.
Le dimanch’maintenant
Adieu le collier d’misère,
L’atelier, l’magasin
Sont déserts et dès l’matin,
Ouvriers, tailleurs,
Employés, coiffeurs,
Heureux chantent tous en chœur :
R. C’est le jour du r’pos
Du r’pos hebdomadaire
Ils l’ont voté nos brav’s députés.
C’est jour de liberté
Faut en profiter pour viv’ment aller faire,
Soit du canot,
Ou du vélo
C’est le jour du r’pos.
Grâce à M’sieur Clémenceau
Maintenant au ministère
Depuis l’chef de bureau
Jusqu’à l’expéditionnaire
Chacun à ses travaux,
Reste la journée entière.
Ils n’os’nt plus s’absenter
Pour aller se balader
Et les employés
Par trop surmenés
Dis’nt : les temps sont bien changés.
R. Plus qu’un jour de r’pos
De r’pos hebdomadaire
A not’ bureau, je crois que c’bourreau
Veut qu’nous laissions not’ peau.
Nous ne pourrons plus, malheureux fonctionnaires,
Aller aux eaux
Soigner nos maux,
Plus qu’un jour de r’pos.
J’ai l’bonheur trop certain
De posséder un’bell’-mère,
Chaque jour son potin
Ameut’ la maison entière
N’entendant pas c’matin
La voix d’or de la mégère
Je lui demand’ joyeus’ment :
Souffrez-vous belle-maman ?
Jugez d’mon dépit
Ell’me répondit :
N’craignez rien pour moi mon p’tit.
R. C’est mon jour de r’pos
De r’pos hebdomadaire
Toujours crier, jamais m’arrêter
Ça finit par m’enrouer.
Pour vous conserver longtemps vot’ chèr’ bell’-mère
J’prends des sirops
Des pectoraux
C’est mon jour de r’pos.
Sam’di dernier Lafleur
Epousait une bergère,
Tout flambant l’air vainqueur
Il la conduisit chez l’maire.
Quand vint minuit l’farceur
Lâcha la noc’ sans manière
Et emmena viv’ment
La belle dans son log’ment.
Il voulut guill’ret
Prendr’ son p’tit bouquet
Mais sa femm’ dit : y a rien d’fait.
R. C’est mon jour de r’pos
De r’pos hebdomadaire
Il est chéri maint’nant plus d’minuit
C’est dimanche aujourd’hui
Jusqu’à d’main lundi je veux rester rosière.
Ce soir Coco
Pas de bécot
C’est le jour de r’pos.
L’autr’ nuit rentrant chez moi,
Au détour d’un’ rue obscure
J’aperçus plein d’émoi
Un typ’ de mauvais’ figure.
Redoutant ça s’conçoit
La fin de cette aventure
Afin de l’esquiver
Je m’apprêtais à m’sauver
Mais l’apach’ me dit :
Ai’ pas peur bouffi
T’as d’la vein’ car aujourd’hui
R. C’est mon jour de r’pos
De r’pos hebdomadaire
La société l’ayant décrété
Y a pas à rouspéter.
Sans quoi, j’aurais bien déjà fait ton affaire.
Crains rien mon gros
Pour tes sal’s os
C’est mon jour de r’pos.
Au théatre égal’ment
Nos comédiens l’âm’ sereine
Auront grâce au roul’ment
Un jour d’congé par semaine.
Ils iront joyeus’ment
Manger d’la fritur’ de Seine
Et respirer les fleurs
Loin de la boît’ du souffleur.
On verra l’Bargy
Sur l’gazon assis
Dire à m’sieu Mounet-Sully :
R. C’est mon jour de r’pos
De r’pos hebdomadaire
Mon cher ami je l’dis sans chichi
Ah qu’on est bien z’ici,
R’tirons nos pal’tots et mêm’nos lavallières
Jouons l’apéro
Au jeu d’tonneau
C’est le jour du r’pos.
M’sieu Loubet dernièr’ment
Rendant visite à Fallières
S’informait gentiment :
Ça va-t-il mon cher confrère ?
D’la place êt’s-vous content ?
Dites-le-moi sans mystère.
Mais Fallièr’s enchanté
Répondit avec gaîté :
L’Etat d’Président
Est mieux qu’de vot’ temps
Car vous savez à présent
R. J’ai un jour de r’pos
De r’pos hebdomadaire
Au Music-Hall le soir je m’gondole
Sans craindr’ le protocole
Je peux chez Maxim’ passer la nuit entière
Incognito
Près d’Otéro
C’est mon jour de r’pos.
Le repos hebdomadaire, 1906, (Paroles de C. Yéruc, musique de Gaston Blondelon)
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