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Lu pour vous « Les syndicats en France »

Photo du rédacteur: Bernard VivierBernard Vivier

Un ouvrage clair et structuré pose un regard « à froid » sur le syndicalisme français. Il dresse un état des lieux et s'interroge sur les évolutions possibles de notre paysage syndical, notamment sous l'influence du contexte européen.


Neuf universitaires ont réuni leur capacité d’analyse et leur esprit de synthèse pour rédiger, sous la direction de Dominique ANDOLFATTO, maître de conférences à l’Université de Nancy II, un sérieux état des lieux du syndicalisme français.


Si l’on sait que l’éditeur n’est autre que La Documentation française, on ne sera nullement surpris de l’élégante sécheresse de l’ouvrage.


Le lecteur à la recherche d’anecdotes sur les finances des syndicats ou sur les tribulations de tel ou tel leader syndical en proie à des contestations internes en serait àpour ses frais. Le lecteur qui rechercherait une description des passions collectives, des engagements militants et du choc des projets syndicaux serait également déçu. Les auteurs le disent eux-mêmes :« Ce tableau propose un regard « à froid » des univers syndicaux ce qui n’est pas sans difficulté, car les questions soulevées sont souvent « chaudes » et recouvrent une forte dimension émotionnelle ».


Le livre se veut donc, comme le suggère le nom de l’éditeur, un ouvrage de documentation. Il y est très largement parvenu, en un nombre de pages somme toute modeste.



Six chapitres structurent le propos. Les trois premiers sont consacrés aux trois grands courants du syndicalisme français : le courant classique (CGT et CGT-FO), le courant issu du christianisme social (CFTC et CFDT), le courant du syndicalisme catégoriel (CGC, Groupe des Dix, UNSA, FSU). Les rappels historiques, agrémentés d’utiles chronologies, permettent de comprendre les stratégies syndicales et leurs évolutions. Quelques portraits de leaders syndicaux personnalisent agréablement ces parcours syndicaux.


Certes, on notera la retenue des auteurs à décrire l’assujettissement de la CGT au Parti communiste pendant plus de cinquante ans de son histoire (de 1947 à nos jours). Il est des réalités que la langue de bois universitaire se sent encore réticente à nommer.


Certes, on notera aussi la facilité de vocabulaire - qui confine à l’erreur - lorsque les auteurs datent la « déconfessionnalisation » de la CFTC de 1964 alors qu’elle date de 1947. 1964 correspond, en fait, à la politisation de la CFTC, à sa transformation en CFDT et à son glissement vers un romantisme révolutionnaire dont elle a cherché depuis à s’extraire pour renouer avec la pratique réformiste.


Mais, au total, la synthèse est solide et cohérente.


Trois autres chapitres suivent, qui abordent des thèmes transversaux : l’audience électorale du syndicalisme, la négociation collective et le paritarisme, l’horizon européen du syndicalisme français. Ce dernier chapitre est particulièrement réussi et correspond à une nécessité de l’information sociale. S’il commence par une interrogation (« la fin de l’exception syndicale française ? »), il se poursuit et s’achève sur une note plus affirmative, que le lecteur partagera aisément : celle de « l’Europe comme opportunité syndicale ».



Un seul regret : ne pas disposer d’un chapitre sur la grève et les conflits du travail. L’équipe de rédaction disposait pourtant des connaissances et de la compétence pour souligner combien le dépérissement de la grève n’a pas été une fin de l’histoire et combien le progrès social doit finalement plus à la négociation qu’à la barricade.


Parions que ce regret ne durera pas. Et que l’équipe de rédaction produira de nouveaux travaux, à la hauteur de la promesse qu’exprime le présent ouvrage.

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