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Syndicats en Europe : une amorce de convergence

Quoique timide, la convergence entre syndicats des différents pays européens est amorcée. Elle implique, pour se développer, que soit mieux précisé le rôle respectif de l'Etat et des partenaires sociaux dans l'élaboration de la norme sociale, qu'évoluent encore les cultures syndicales (certaines restent marquées par l'affrontement) et que se développent les relations entre mouvement patronal et mouvement syndical au niveau européen.



La construction de l’Union européenne oblige les organisations syndicales à penser autrement et à dépasser l’analyse traditionnelle nationale. Des problèmes communs émergent, une autorité politique à Bruxelles sollicite l’avis des représentants des salariés et même incite à des premières négociations au niveau européen (congé parental, temps partiel).


Progressivement, bien que très lentement, des évolutions s’amorcent dans le paysage syndical européen. Les différences, parfois très contrastées, commencent à s’atténuer, même si elles sont bien loin de disparaître. Un certain nombre d’éléments contribuent et contribueront de plus en plus à cette relative harmonisation.


Le rôle de l’Etat


La création de l’euro pousse à une certaine harmonisation économique. Les politiques des Etats, pour faire face à la concurrence mondiale, sont de plus en plus similaires et touchent de la même manière les salariés.


Face à la mondialisation, le temps des incantations vengeresses semble dépassé pour céder la place au réalisme économique. Les organisations syndicales ont beaucoup évolué, même les plus idéologiques.

Un certain équilibre se construit quant au rôle de l’État. Les syndicats des pays du Sud commencent à prendre leurs distances vis-à-vis des gouvernements. Désormais, un front syndical uni rassemble les organisations espagnoles ou italiennes face à leur gouvernement, qu’il soit dirigé par un parti de gauche ou de droite. Le syndical prime le politique. Simultanément dans les pays du Nord, et particulièrement en Grande-Bretagne, l’État doit intervenir davantage. Il est obligé de transcrire en lois nationales les directives sociales de Bruxelles. Les syndicats britanniques découvrent ainsi l’intérêt de l’intervention du législateur dont les décisions couvrent l’ensemble des salariés, même ceux travaillant dans des secteurs ou entreprises à faible implantation syndicale.


Tendance au partenariat


Idéologiquement la tendance partenariale progresse. En Italie très nettement, en Espagne, en France, plus timidement. Les organisations syndicales « de rupture » passent de la dénonciation à la négociation, voire à la participation. L’évolution de la puissante CGIL italienne forte de 4,5 millions d’adhérents, classée proche du Parti Communiste, est significative. Le congrès de Rimini a adopté le principe de la participation à la vie de l’entreprise. La CGIL a signé les accords du 3 juillet 1993 qui ont installé l’Italie dans le camp du réalisme économique. Même si le discours officiel est celui de la « participation conflictuelle », on a changé de logique.


Toutes les organisations syndicales des vingt-cinq pays, même les britanniques, même la CGT française, ont désormais fait le choix de la construction européenne. Certes les conceptions de cette union à construire, sur le plan politique, économique et social, connaissent encore des variantes, mais l’accord s’est néanmoins fait sur la nécessité de l’unité européenne.


Une organisation supranationale, la Confédération européenne des syndicats, monte en influence. Elle doit s’inventer une structure, se doter d’un pouvoir face aux organisations syndicales nationales qu’elle vise à fédérer. Mais la délégation et la perte d’indépendance nationale ne semblent pas plus faciles au niveau des organisations syndicales qu’au niveau des gouvernements et partis nationaux.


Le dialogue CES / Business Europe


La Confédération européenne des syndicats doit aussi s’affirmer face à l’organisation patronale encore peu dialoguante et peu armée pour la négociation au niveau européen. Enfin, et ce peut être un atout pour la construction d’une entité syndicale européenne, le traité de Maastricht oblige la Commission européenne à donner la primauté à la négociation entre partenaires sociaux, au niveau européen, avant de légiférer. Le syndicalisme entend saisir cette opportunité, même si le partenaire patronal, Business-Europe (anciennement UNICE) « traîne les pieds » pour négocier.


La prise de conscience par les salariés d’intérêts communs par-delà les frontières pourra contribuer à faire avancer ce syndicalisme européen. Les rues de Bruxelles deviennent parfois le lieu de l’unité syndicale en faveur, par exemple, de mesures pour l’emploi en Europe. De premières « euro-grèves » sont apparues, conduites par les salariés des transports routiers.


Le fonctionnement de Comités européens dans les grandes entreprises installées dans l’Union européenne va aussi, en multipliant les rencontres entre les militants des différents pays, contribuer à développer un sentiment syndical européen.



 
 
 

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