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Une enquête sur la sociologie des adhérents CFDT

Photo du rédacteur: Dominique AndolfattoDominique Andolfatto

Une enquête sur les adhérents de la CFDT dans la région Nord-Pas-de-Calais apporte un éclairage nouveau sur l'engagement syndical.


Une enquête sur les adhérents de la CFDT dans la région Nord-Pas-de-Calais apporte un éclairage nouveau sur l’engagement syndical.

Elle actualise d’abord la structure sociologique de l’adhésion au sein de la CFDT (voir tableau). Elle souligne également que l’âge moyen de l’adhésion a considérablement reculé : 38 ans depuis 1996 (contre 24 ans avant 1971 puis une montée progressive de cette moyenne jusqu’en 1996). Cela traduit un changement de public syndiqué en même temps que des chemins qui conduisent à l’engagement syndical.


Tableau :Les syndiqués de la CFDT par catégorie socio-professionnelle (en % du total)



L’élévation de l’âge du recrutement laisse entrevoir en effet que les réseaux traditionnels du recrutement syndical, via les associations de jeunesse, ont fortement décliné. Ces associations ne touche qu’une très faible proportion des nouveaux adhérents : 12,6% d’entre eux depuis 1996 (et même seulement 9% d’entre eux si l’on ne prend en compte que les mouvements de jeunesse chrétiens - telle la JOC - longtemps déterminants dans le recrutement cédétiste). Cependant, un tiers des adhérents se déclarent toujours « catholiques pratiquant » (régulier ou irrégulier). Cette proportion se maintient assez bien dans le temps puisque 30% des adhérents de moins de 35 ans partagent cette caractéristique.

L’engagement dans le tissu associatif des cédétistes demeure une caractéristique plus marquée : 64,3% déclarent une appartenance associative. Mais cette sociabilité décline chez les plus jeunes. En outre, les associations sportives et de parents d’élèves dominent nettement, ce qui laisse supposer que cet engagement a été assez peu discriminant pour expliquer le choix du syndicalisme.

L’engagement dans un parti politique, sans être négligeable, ne concerne que 8% des adhérents (contre moins de 1% dans la population générale). En outre, 13% des syndiqués déclarent s’être engagés dans un parti à un moment ou en autre. Mais, chez les plus jeunes, cette appartenance est devenue résiduelle : seuls 2% des adhérents de moins de 35 ans déclarent être membre d’un parti.


Les motivations de l’adhésion indiquent un reflux des « raisons axiologiques » (accord avec les idées de la CFDT) au profit de raisons plus « instrumentales » (rôle de défense-recours du syndicat). De même, l’adhésion intervient de plus en plus rarement lors de la première embauche (et ne constitue donc plus un marqueur d’identité professionnelle), et encore moins lors de grands mouvements sociaux. Les événements survenus sur le lieu de travail (conflit, plan social), les sollicitations de collègues, les réseaux relationnels et, plus accessoirement, familiaux (réseaux par le biais desquels s’établit un lien avec la CFDT) comptent pour beaucoup dans l’engagement syndical. En ce sens, les auteurs de l’enquête insistent sur l’importance des « réseaux de sociabilité informelle » pour expliquer l’adhésion. Et de souligner finalement que « les liens faibles comptent davantage que les liens forts ».


Cette étude tente d’appréhender enfin l’existence - ou non - d’une sociabilité propre à la CFDT et son encastrement dans les relations sociales. La réponse s’avère « complexe ». Cependant seuls 10% des cédétistes déclarent fréquentés des adhérents du syndicat en dehors du travail (et 40% de temps à autre). La densité de ses relations dépend en fait du niveau de responsabilité syndicale, de l’ancienneté dans le syndicat, de l’intégration dans d’autres groupes. Les auteurs concluent que « la part qu’occupe le syndicat dans la vie des adhérents en dehors du travail est globalement peu importante. Il semble y avoir dissociation entre ces sphères de l’existence ».


Cette enquête montre finalement un processus de privatisation ou d’individuation des motivations de l’adhésion. Cela leur confère une plus large palette, réduisant fortement les déterminismes culturel, politique ou idéologique. Ces nouveaux adhérents, tout en privilégiant un syndicalisme instrumental, sont également - voire paradoxalement - plus passifs, sans sociabilité propre, et même pas toujours bien informés ou intéressés par les orientations de leur confédération. La CFDT y perd une part de son identité tandis le militantisme syndical, lorsqu’il se manifeste, apparaît d’abord opérationnel, tourné vers des objectifs précis.



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