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Photo du rédacteurJoel Bagnaschino

Vu... pas vu sur le Net

Les sites syndicaux en Europe, voire dans le monde si l'on considère celui de l'AFL CIO, ont un ton très différent de celui qu'on trouve dans les grands média, ou sur les sites Internet suivant l'actualité, tels que Yahoo. De ces derniers se dégage le sentiment d'un climat de fronde sociale, tandis que les sites syndicaux apparaissent plus mesurés, exprimant une opposition finalement bien policée aux projets des gouvernements. Curieusement, le site le plus dur est peut-être celui de la CFE CGC, où Jean Luc Cazettes ne ménage pas ses attaques contre le gouvernement...


Sur le site de la CFDT

La manifestation européenne de la CES des 2 et 3 avril est reprise, bien que plus discrètement que sur le site CGT, qui est de loin celui qui la met le plus en avant de tous les sites européens consultés, y compris celui de la CES. Mais la CFDT, sans en faire son sujet principal, appelle à la « Mobilisation des 2 et 3 avril » pour « pousser les gouvernements à plus d’intégration européenne ». Autres titres notables : Des commentaires officiels sur le Rapport du Haut Conseil sur l ‘assurance maladie, sur un ton assez neutre mais renvoyant le sujet dans ‘les onze mètres’ du gouvernement : « Le diagnostic est posé, la réforme reste à venir ». et un « appel contre l’homophobie - Solidarité avec Sébastien Mouchet », appelant à la manifestation du 28 février, qui est toujours en ligne, comme quoi le sujet est porteur,


Sur le site CFTC

Un dossier très complet qui est aussi un plaidoyer pour « L’avenir de l’assurance maladie » dont l’édito est daté du 18/02/04 :


« Les valeurs fondamentales d’universalité et de solidarité à l’origine de la création de la couverture assurance maladie de la Sécurité Sociale doivent demeurer intangibles.(...) Pour la CFTC, le retour à l’équilibre des comptes n’est pas une fin en soi ; si on ne s’attaque pas aux causes du mal, l’organisation du système de soin restera bancale. Au-delà du diagnostic, c’est à une vision d’avenir que la CFTC veut participer pour mieux discerner le service rendu, opérer les arbitrages en toute transparence afin de répondre à l’attente collective ».


Reste en première page la journée de la femme, du 8 mars, et un éditorial sur « le très bon accueil » des propositions de la CFTC concernant le service minimum dans les transports par M. de Robien.


Un autre dossier de saison enfin, comme sur les autres sites : le guide des impôts 2004.


Vu sur le site CFE-CGC

A la une, toujours le ‘Spécial impôts’ qui reste de saison, et toujours « Le dossier sur le traitement social des restructurations ». Mais les dossiers suivants ont durci le ton. A part un communiqué sur le financement des syndicats, sujet rarement traité par ces derniers, qui est intitulé « Transparence et efficacité », deux « sujets qui fâchent » : un premier intitulé : « Dette de l’Etat : 15 000 euros par Français », et un autre, reprenant le discours récemment prononcé à Nantes par Jean Luc Cazettes, intitulé « l’encadrement n’a plus confiance », qui est un nouveau réquisitoire assez violent, à quelques semaines d’un rendez-vous électoral, contre le gouvernement et en particulier le ministre du travail, et accessoirement contre le Medef.


Extraits :

Si l’économie néolibérale, la seule qui a le droit d’exister dans les médias, au MEDEF ou chez les hommes politiques -qu’ils soient de gauche ou de droite, parce que sur cette thématique il n’y a pas grand écart entre les positions des uns et des autres-, était une science, cela se saurait. Elle se serait soumise naturellement à l’épreuve de la démonstration, du test et de l’expérience. Et ce n’est pas le cas, toutes les crises successives l’ont bien montré. (...) C’est la religion du moins-disant social et de la précarité accrue par la mise en concurrence systématique du salarié de la Ruhr ou du bassin nantais avec le paysan du Bangladesh ou de la Chine profonde. Cette religion néolibérale n’a qu’un effet : elle enrichit les riches des pays pauvres et appauvrit les pauvres des pays riches. (...) Et je le dis très calmement mais très fermement : je n’ai plus confiance en ce gouvernement, je n’ai pas confiance en François Fillon. Je n’ai pas confiance en quelqu’un qui se réfère en permanence au dialogue social, qui doit être l’aiguillon de la réforme, et qui dénature les accords en découlant lorsqu’il les traduit dans la loi . (...) Devons-nous continuer à négocier, à signer des accords si, au final, c’est le ministre qui décide ce qu’il veut ? Ne vaut-il pas mieux, à ce moment, lui laisser l’entière responsabilité de traiter par la loi les problèmes. Car il faut aussi parler de l’hypocrisie en matière de représentativité syndicale. On clame bien fort qu’on ne remet pas en cause l’ordonnance de 1966, que seules les cinq organisations représentatives peuvent négocier et présenter des candidats aux élections. Et on s’aperçoit que l’UNSA est présente dans tous les groupes de travail, sur la maladie, sur le rapport Virville, sur le rapport Marimbert. Et quand nous nous en étonnons on nous répond : « mais ce ne sont pas des négociations, ce sont des groupes informels ». (...) C’est pourquoi je demande officiellement, pour mettre fin à cette hypocrisie du Ministère du Travail, que l’Unsa et SUD soient reconnus représentatifs au sens du décret de 1966. Et on verra bien, à ce moment là, ce qui se passera dans les branches et les entreprises. C’est bien beau pour les politiques de prendre des décisions purement politiques et idéologiques vues de Sirius, c’est autre chose de mettre les pieds dans la gadoue et de se dépatouiller sur le terrain. Mais il faudra bien, un jour, qu’ils assument les responsabilités de leurs inconséquences. (...)


Sur le site CGT

Trois titres en page d’accueil, beaucoup plus recentrée que celles des autres sites qui se sont transformées en catalogue au fil du temps. Le titre le plus visible porte sur la « Journée européenne d’action du 2/3 avril ; Appel CGT - CFDT - CFTC - UNSA pour une Europe plus sociale ». A noter que FO et la CFE-CGC n’y participent pas.


Un autre titre porte sur le « système de santé : l’urgence d’une réforme de progrès ». Enfin, toujours le dossier VO impôts.


Enfin, un dossier sur « les entreprises et activités à risques ».


Vu sur le site Force Ouvrière

un éditorial signé par le nouveau « Général », Jean Claude Mailly, sur le même sujet que beaucoup d’autres sites, sujet qui sera à n’en pas douter un dossier encore plus lourd en 2004 que les retraites ne l’ont été (pour accoucher d’une souris ?) dans le paysage social de 2003 : La réforme de la Sécu et les appétits du privé « FO et la CSMF (Confédération des syndicats médicaux français) considèrent nécessaire de rebâtir un système conventionnel pour éviter tout processus d’étatisation ou de privatisation, en redéfinissant notamment les champs de compétence des caisses d’assurance maladie et de l’État » dans la perspective de la réforme de la sécurité sociale, ont déclaré hier les deux organisations à l’issue d’une rencontre bilatérale. « Opposées à la maîtrise comptable des dépenses de santé », FO et la CSMF « proposent comme alternative une réelle maîtrise médicalisée relevant de la politique conventionnelle »... L’éditorial a le mérite de poser correctement la problématique qui sera d’autant plus redoutable que peu de choses filtrent sur « le processus d’étatisation ou de privatisation » déjà entamé...


Vu également, un communiqué remettant en cause l’indice des prix : 5 syndicats de l’INSEE pour un autre indice des prix « Après la controverse sur l’affaiblissement du pouvoir d’achat, les syndicats de l’INSEE (FO, CGT, CFDT, SUD et CGC) proposent d’établir un indicateur des prix « qui retrouve la confiance » du public et réclament un débat national sur la mesure de l’évolution de ces prix. Constatant que l’indice INSEE est « en décalage croissant avec l’inflation des prix perçue par les citoyens » et « ne semble pas être l’outil adéquat pour revaloriser le SMIC, les pensions ou les retraites », ils préconisent de mettre en place un nouvel « instrument quantitatif ». Lequel doit juger de l’évolution du coût de la vie pour mieux porter les revendications salariales » à côté de l’indice actuel que l’INSEE doit « continuer à produire et diffuser » afin de « maintenir une comparabilité » entre les pays. »


Sur le site du DGB

A noter un bilan de la journée de la femme parmi les premiers sujets, et plus rien sur la « journée européenne », qui est arrêtée en Allemagne le 3 avril seulement, le sujet étant décliné par les sites des fédérations. Notamment, sur les sites, IGM et IG Bau,


« Les syndicats appellent dans toute l’Europe à une manifestation le 3 avril 2004 dans de nombreuses villes de l’Union européenne. C’est la même chose dans trop de pays : la destruction volontaire de l’Etat Providence, la privatisation des services publics, avec, au centre de cette politique, le seul souci de la "Shareholder Value" - le rofit capitaliste à très court terme. Les syndicats d’Europe se lèvent : Au-delà des conférences et des débats, le temps est venu de la protestation et des manifestations de masse dans de nombreuses villes d’Europe. Le DGB appelle à des manifestations à Berlin, Cologne et Stuttgart pour le 3 avril. »


Sur les deux sites également, un sujet traité durement contre le CDU/CSU, dans la perspective des prochaines élections, ce qui montre la volonté du DGB de renforcer son soutien au SPD après la démission de Gerhard Schröder. C’est sur le site de Ver.di que l’énoncé est le plus lapidaire : « Mit der CDU/CSU zurück ins 19. Jahrhundert“ (Avec le CDU/CSU, c’est le retour au 19è siècle), reprenant un extrait de l’interview du Président d’IG Metall Jürgen Peters parue dans le dernier "Welt am Sonntag" , où ce dernier parle d’un „massacre du droit des travailleurs et de la démocratie sociale »


Sur le site FGTB, la préoccupation majeure, ce sont les élections sociales qui auront lieu du 16 au 29 mai prochains, pour lesquelles la FGTB lance la campagne suivante :

« A l’occasion des élections sociales, (presque) tous les travailleurs du secteur privé ont le droit de désigner leurs représentants au conseil d’entreprise ou au comité de prévention et de protection au travail. Ils ont ainsi leur mot à dire dans les matières qui les concernent directement : la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, l’emploi dans l’entreprise, la durée de travail, les conditions de salaire, la prévention du stress, etc.

3.185 conseils d’entreprise et 5.653 comités de prévention et de protection ont été installés en 2000. La FGTB avait présenté 47.257 candidats et obtenu 15.509 mandats.

Nous recherchons des candidats motivés pour les élections de 2004 : jeunes et moins jeunes, hommes et femmes, temps pleins et temps partiels, Belges et migrants, ... ce qui compte, c’est la motivation. »


Sur le site AFL-CIO

Les principaux points d’actualité, maintenant mis en valeur dans une fenêtre particulière, sont notamment les suivants : Le vote du Sénat refusant le projet du gouvernement de facilitation des délocalisations. La crise de l’emploi s’intensifie, les travailleurs sont frappes de plein fouet Bush couvre un mauvais traité sur le commerce mondial.


On se croirait en Europe !


Et, à méditer en guise de conclusion

Cette phrase de John Stuart Mill :


"Un état qui rapetisse ses sujets, en vue d’en faire les dociles instruments de ses projets, même si ceux -ci sont bienfaisants, trouvera qu’en réalité avec de petits hommes il ne peut pas faire de grandes choses."


John stuart Mill

De la liberté, 1859

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