Ce sont les sites syndicaux étrangers, et en particulier allemands, qui font l'actualité du mois d'avril, loin d'une approche française beaucoup plus routinière.
En effet, les manifestations très réussies organisées par la CES en Allemagne font l’objet d’un écho inhabituel sur le site du DGB et de la CES, qui essaient de « transformer l’essai » en formalisant des contre-programmes qui, à défaut d’être très innovants et de pouvoir servir de guides aux politiques, peuvent certainement renforcer la motivation et l’action des militants pour les mois à venir. C’est ainsi qu’après les efforts d’Attac, et reprenant semble-t-il le leadership de l’action par rapport à cette organisation, dont l’absence a été remarquée lors de ces manifestations, les syndicats européens semblent radicaliser leurs positions face aux enjeux à venir dans la plupart des pays européens :
1- En Allemagne
Sur le site du DGB, deux sujets sont à noter particulièrement :
- Le premier concerne les commentaires et photos concernant les manifestations, très réussies, à Berlin, Stuttgart et Cologne, Berlin où Bernard Thibault (CGT française) tient la vedette, sur fond de « Siegesaüle » et de « Brandenburger Tor » en compagnie de Michael. Sommer, président du DGB (on chercherait en vain ces photos sur un site français, pas plus celui de la CGT qu’un autre)
Commentaires du DGB :
73% des citoyens allemands, répondant à une question de l’institut de sondages Forsa, considèrent les réformes entreprises par le gouvernement comme un déni de droit social (sozial ungerecht).
A Berlin seulement, plus de 250 000 participants formèrent les trois cortèges qui convergèrent vers la porte de Brandebourg.
Le président du DGB, Michael Sommer, considéra que cette manifestation était un « signal clair aux responsables politiques, qui doivent mettre fin à une politique qui pénalise la majorité des citoyens, qui ont clairement indiqué le programme à suivre : dessiner un avenir social, combattre le chômage, respecter les droits du travail et protéger les plus faibles dans la société... ».
En écho, les 140 000 manifestants de Stuttgart, sous la direction du patron de Ver .di, Frank Bsirske, accompagné du secrétaire général du syndicat italien CISL, prônèrent la résistance au changement de système que signifie l’Agenda 2010 et conclut que cette manifestation marquait le début d’un véritable mouvement populaire : "Das kann der Beginn einer wirklichen Volksbewegung werden, einer Volksbewegung für soziale Gerechtigkeit aus der Mitte der Gesellschaft heraus".
A Cologne, c’est le patron d’IGMetall,qui demanda le retour à un Etat actif et solidaire , insistant sur la volonté de changement du DGB, mais vers le progrès, pas en retournant au capitalisme sauvage du 19è siècle : « Auch wir wollen Veränderungen, aber nach vorne und nicht zurück in den ungezügelten Frühkapitalismus des 19. Jahrhunderts. » Il était accompagné de l’ancien ministre du travail Norbert Blum (CDU), qui avertit qu’il serait une erreur de croire que moins de protection sociale permettrait plus de développement économique. "Ich habe mich an dem Vorhaben als Arbeitsminister gutgläubig beteiligt, 300 000 neue Arbeitsplätze wurden danach versprochen. Auf die warte ich heute noch".
- Le deuxième sujet, c’est la réponse du DGB aux attaques selon lesquelles il n’a pas d’alternative à proposer, et la mise en ligne de son programme en sept points :
- Pour une politique économique et fiscale qui prenne de nouvelles e courageuses directions.
- Limiter les charges sociales
- Actualiser le système d’assurances sociales en le rendant plus solidaire
- Une politique de salaires minima flexibles et de protection de l’insolvabilité pour les chômeurs
- Renforcer la concertation et la cogestion
- Renforcer les forces d’innovation
- Développer la formation
2- En Italie
En même temps, sur les sites des syndicats italiens, on évoquait le succès des manifestations contre la réforme des retraites :
Venerdì 26 Marzo 2004
- Sciopero : Sindacati, Partecipazione Straordinaria
(ASCA) - Roma, 26 mar - ’’Straordinaria’’. Con questo lapidario aggettivo Cgil Cisl Uil definiscono la partecipazione alle manifestazioni, oltre cinquanta, nelle piazze di tutta Italia. ’’Lavoratori, pensionati e giovani - si legge in una nota congiunta - hanno dato dunque pieno ed esplicito sostegno alla piattaforma di Cgil Cisl Uil per una svolta nella politica economica del paese e contro l’attacco alle pensioni. Un segnale che il governo dovrebbe tenere ben presente’’. Ecco un elenco (parziale) dei numeri relativi alle piazze forniti dagli uffici organizzazione delle tre confederazioni. Milano : 200.000 ; Palermo : 120.000 ; Roma : 80.000 ; Torino : oltre 40.000 ; Alessandria : 3.000 ; Genova : 50.000 ; La Spezia : 12.000 ; Bergamo : 10.000 ; Brescia:10.000 ; Modena : 12/15.000 ; Bologna : 50.000 ; Parma : 4.000 ; Venezia : oltre 20.000 ; Vicenza : 15.000 ; Verona : 15.000 ; Trento : 10.000 ; Trieste 10.000 ; Firenze : 40.000 ; Empoli : oltre 15.000 ; Pesaro : 6.000 ; Napoli : oltre 80.000 ; Salerno : 15.000 ; Cagliari : oltre 20.000 ; Bari : 20.000 ; Caserta : 10/11.000 ; Taranto : 8.000 ; Potenza :
3- En Belgique
Vu sur le site de la FGTB, renvoyant à celui de la CES un autre programme "pour une Europe sociale"
- Pour une Europe avec un traité constitutionnel démocratique, moderne et social
- Plus emplois et de meilleurs emplois
- La sauvegarde des systèmes de protection sociale
- La garantie des Services d’intérêt général de qualité
- Contrôle des fusions : les fusions réalisées ces dernières années n’ont fait que détruire un grand nombre d’emplois, causant des problèmes économiques considérables dans certaines régions en Europe
- La lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale
- Développer un politique commune de l’UE en matière d’immigration et d’asile abordant l’intégration et la gestion des flux migratoires
Pour sauvegarder et développer notre modèle social à 25
L’Union européenne doit montrer qu’elle est capable d’une politique différente, en développant sa compétence décisionnelle, son identité et sa vision sociale, en renforçant son rôle dans la gouvernance internationale et en jouant dès lors un rôle clé dans la maîtrise de la mondialisation, en promouvant de développement durable pour nous tous.
- Renforcer les droits des travailleurs
- Plein emploi et croissance durable
- Plus d’emplois et de meilleurs emplois
- Pour une constitution sociale
- L’égalité des chances pour tous
- La sécurité sociale pour demain
- Pour un développement durable et un environnement sain
- Des services d’intérêt général solides
- Pour la mobilité, l’immigration et l’intégration sociale
- Pour un renforcement des droits syndicaux transnationaux
4- Sur les sites français
sur le site de la CFDT
à noter une nouvelle rubrique « La CFDT de A à Z », « Pour tout savoir sur la CFDT (son histoire, ses valeurs, son fonctionnement, ses comptes, ses publications, son réseau...), découvrez notre nouvelle rubrique. »
- Particulièrement visible en première page, un pavé intitulé :
Voyage dans l’Europe des 25
Voici un tour d’horizon de l’Europe à l’occasion de l’entrée des 10 nouveaux pays dans l’Union le 1er mai 2004.
Le message du syndicalisme européen Une fête du Travail pas ordinaire.
La Slovénie, elle a tout d’une grande. Indépendant depuis 1991, ce pays trouvera sans grande difficulté sa place dans le concert européen.
- La Slovaquie mène ses réformes tambour battant
- La Pologne entre espoir et désenchantement
- La République tchèque parie sur l’avenir
- L’Estonie, une république en plein essor
- Malte, une parcelle d’Europe en Méditerranée
- La Hongrie se prépare à entrer dans l’Union européenne
Sur le site CFTC
c’est le 1er mai qui est mis en avant, là aussi sous le signe de l’Europe :
- 1er mai 2004 à Paris Un grand rassemblement CFTC au coeur de la dynamique sociale européenne 05/04/04 15:49
Le 1er mai 2004, 10 pays rejoignent l’Union européenne. La CFTC les accueille !
Des délégations de Chypre, de la Hongrie, de la Lituanie, de Malte, de la Pologne, de la République Tchèque et de la Slovaquie sont attendues pour notre traditionnel défilé.
Nos partenaires de la Confédération européenne des syndicats y participent également : la CSC (Belgique), la CGD (Allemagne), la CNC (Pays-Bas), le DKF (Danemark), le CGB-FCB (Autriche) et le Syna (Suisse)... venez nombreux !
samedi 1er mai 2004 à 9h00 Paris - Gare Montparnasse (parcours Montparnasse - Champ de Mars)
- A noter aussi, tout un dossier sur la loi Fillon :
La loi Fillon, réformant le dialogue social, que le Parlement vient d’adopter (voir sur le site de l’Assemblée nationale), bouleverse les règles de la négociation collective dans les entreprises. D’une part, en introduisant la notion d’accord majoritaire, d’autre part en modifiant la hiérarchie des normes. Le tout au bénéfice des seules entreprises et des grosses organisations syndicales. Nos militants devront s’adapter à ce nouveau contexte, continuer à faire vivre le dialogue social pour que les salariés ne s’en trouvent pas pénalisés, et se servir de cette loi comme d’un levier au service du développement de la CFTC sur le terrain.
Notre dossier
- Les lieux du dialogue social
- Des responsables syndicaux de terrain
- Les défis de la loi Fillon
- PME : un syndicalisme de proximité
- Les négociations nationales en 2004
- Le volet "dialogue social" de la loi Fillon comporte deux mesures phares
Vu sur le site CFE-CGC
deux dossiers principaux :
- Dialogue social
La CFE-CGC dévoile la loi Fillon et illustre les changements à venir dans les entreprises et les branches professionnelles...
- Assurance maladie...(20/04/2004)
Le financement cauchemardesque de l’assurance maladie...
Enfin vu sur Yahoo
ce rappel des élections professionnelles à la SNCF, qui souligne l’installation en 2è place de SUD :
- Syndicats : la CGT en net progrès à la SNCF PARIS (AFP) - La CGT-cheminots, en hausse de plus de cinq points, (47,14%) a conforté sa position prépondérante à la SNCF aux dépens de la CFDT en baisse de onze points (7,47), selon les résultats définitifs des élections professionnelles pour l’ensemble des collèges des délégués du personnel, communiqués vendredi par la direction.
Le taux de participation qui a atteint 80,61% (des 178.666 inscrits) est supérieur de plus d’un point et demi (79%) à celui de 2002.
La CGT avec 47,14 % des votants (+5,34) conforte sa position dominante à la SNCF, inversant la tendance à l’érosion des deux scrutins précédents. La fédération, de Didier Le Reste devance le syndicat Sud Rail qui avec 14,79% des voix (+ 3,60) devient la deuxième organisation de la SNCF.
Ces hausses, tout comme celle de l’Unsa, 14,02 % (+1,80) se sont faites aux dépens de la CFDT (7,47) en chute libre (-11,13) conséquence de son soutien apporté à la réforme des retraites de l’an dernier.
FO avec 6,61% (+ 0,42), la CFTC avec 5,88 % (+ 0,40), la Fgaac (présente seulement chez les agents de conduite) avec 3,34 % (-0,05) et la CFE-CGC avec 0,76% (- 0,22 ) complètent les résultats de ces élections des délégués du personnel.
En ce qui concerne les résultats dans les comités d’établissement de la SNCF, la CGT recueille 43,96% des voix (+ 5,01), devant Sud Rail 15,52% (+2,87), l’Unsa 13,61% (+2,04), la CFDT 9,01% (-9,44), FO 6,79% (+ 0,27), la CFTC 6,26% (- 0,10), la Fgaac 3,50% (- 0,20), la CFE-CGC 1,34% (- 0,07).
Dans le collège des agents de conduite, la CGT conserve la première place, à 36,28% (+ 1,92), devant la Fgaac à 31,80% (- 0,38), suivie de Sud-Rail en nette hausse (+ 5,04) avec 22,40%, FO avec 5,46% (+0,99), la CFDT avec 1,85 % (-8,14), l’Unsa avec 1,38% (+ 0, 57) et la CFTC, stable à 0,83%
Sur le site CGT
Un renvoi de la rubrique internationale sur le site de la CES, mais pas de position particulière ni de photos :
- LA CES TIRE UN BILAN POSITIF DES JOURNÉES D’ACTION EUROPÉENNES Bruxelles, 05/04/2003
Plus de 1,6 millions de personnes ont répondu à l’appel de la Confédération européenne des syndicats (CES) et de ses affiliés. Dans de nombreuses villes européennes, les manifestants ont réclamé un changement de politique et davantage de justice sociale. Rome a réuni un million de personnes contre la politique des retraites du gouvernement Berlusconi. En Allemagne, ce sont 500 000 personnes qui ont défilé pour demander des lendemains meilleurs. Les syndicats français ont déployé des activités sur tout l’hexagone. Les pays d’Europe centrale et orientale (Slovénie, Hongrie, Pologne) ont également suivi le mouvement en organisant des actions diverses (conférences, rassemblements).
Ces journées d’action européennes ont été l’élément central d’une campagne, dans le cadre de laquelle la CES veut mettre en lumière des alternatives concrètes pour une Europe plus sociale. Les syndicats reconnaissent le besoin de réformes en Europe. Des réformes politiques. Cependant ces réformes ne peuvent se faire aux dépens des individus mais avec eux. La CES est prête pour un partenariat dans le changement, comme elle l’a rappelé à la présidence irlandaise lors du Sommet de Printemps de la fin du mois de mars. Les réformes ne doivent pas signifier la destruction des droits des travailleurs. Le partenariat social doit être renforcé afin de donner une chance aux individus de mettre en place des structures de changement social et économique. L’Europe ne doit pas seulement répondre à la pression de la compétitivité. L’Europe peut également être une réponse à la globalisation. C’est pourquoi nous avons besoin d’un traité constitutionnel qui permette d’avoir une meilleure structure pour l’action politique. Nous avons également besoin d’un Parlement européen fort s’engageant pour des valeurs sociales. La CES appelle par conséquent les citoyen(ne)s européen(ne)s à participer massivement à ces élections. C’est à cette condition que l’on réalisera l’unité d’une Europe élargie, plus sociale et plus juste.
« Le week end dernier, nous avons clairement démontré que nous voulons une Europe plus sociale et que cela nécessite une nouvelle orientation politique », a déclaré Reiner Hoffman, secrétaire général adjoint de la CES
Et, bien sur, un dossier à la une sur la réforme de l’assurance maladie
Vu sur le site Force Ouvrière
deux dossiers qui sortent du reste du paysage :
- Les syndicats peuvent désormais utiliser l’intranet de l’entreprise
- Les fonds de pension arrivent
Et un communiqué plus "classique"
Sécu : échéance en mai ?
Le secrétaire d’Etat à l’Assurance maladie Xavier Bertrand a déclaré mardi à l’AFP que "des propositions seront soumises à concertation dès le début du mois de mai" pour la réforme de l’assurance maladie, date à laquelle "débutera une nouvelle phase de concertation".
Sur le contenu de la réforme, "aucune décision à ce stade n’a été prise par le gouvernement, nous sommes actuellement dans une vraie phase de consultation avec les partenaires sociaux et les acteurs de santé", a-t-il assuré.
Le même jour, M. Gérard de la Martinière, président de la Fédération française des sociétés d’assurance (FFSA), a rencontré M. Xavier Bertrand, qu’elle connaît sans doute assez bien, puisque le secrétaire d’État est également agent général d’assurances depuis 1992. La FFSA lui a fait part de ses propositions pour réformer le système de santé.
Lors de cet entretien, M. de la Martinière a pu "réaffirmer l’engagement des assureurs santé dans le processus de réforme, indispensable au pays", souligne la fédération patronale. Pour "optimiser" l’assurance maladie, les assureurs souhaitent "une coordination plus efficace entre la Sécurité sociale et l’assurance maladie complémentaire". En fait, il s’agit de négocier les conditions de l’entrée sur le marché.
Le ministre a indiqué qu’une nouvelle rencontre serait organisée avec "la FFSA et les autres partenaires afin de présenter les propositions relatives aux modes d’organisation et de gestion de l’assurance maladie et à son redressement". Cette réunion devrait se tenir courant mai, estime-t-on à la FFSA.
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