Une rentrée calme, pour ne pas dire banalisée. Comme tous les ans, chacun y va de son discours de rentrée. Le ton cette année est à une rentrée moins « chaude » que d'habitude . Autre constat : la « langue de bois » y a gagné en vigueur.
Une illustration parmi d’autres : tous les sites ont maintenant un dossier « chiffres clés », qui reprend notamment l’évolution de l’inflation, avec L’INSEE comme référentiel.
Les organisations syndicales des années 70 n’avaient pas de sites Internet, mais s’efforçaient d’avoir, irrévérencieusement chacune leur indice, qui contestait l’indice officiel. A un moment où l’inflation ressentie est loin de correspondre à l’inflation officielle, comment interpréter cette attitude syndicale ?
Signe des temps, le site le plus offensif est , en cette rentrée, celui des cadres. Alors, commençons par...
...le site,
dont l’éditorial d’un Jean Luc Cazettes en pleine forme donne le ton : Trop c’est trop.
Tout ce qui est excessif est insignifiant déclarait déjà Talleyrand. M. Ernest-Antoine Seillière ferait bien de se rappeler de cette maxime. À l’occasion de l’université d’été du MEDEF nous avons eu droit à un véritable florilège de déclarations excessives et provocatrices. Ainsi a-t-il appelé de ses vœux la remise en cause totale des 35 heures, sans forcément tenir compte de l’avis des grandes entreprises qui ont obtenu, en contrepartie, la flexibilité, l’annualisation, le blocage des salaires sur 2 ou 3 ans. Faut-il vraiment revenir là-dessus pour avoir le plaisir idéologique de dire on a vaincu les 35 heures comme saint Georges a vaincu le dragon ? Et puis, comme si cela ne suffisait pas, comme si la loi scélèrate de François Fillon sur le dialogue social n’allait pas assez loin dans l’abandon des garanties collectives, EAS propose maintenant la micro négociation directe entre chaque salarié et son employeur. Quelle impudence ! Qui peut penser qu’il y aurait dans ce cas un rapport de force équilibré ? C’est livrer tous les salariés de France à l’arbitraire le plus absolu. Enfin, dernier avatar, le MEDEF se plaint de la politique du gouvernement qui ne lui a rien rapporté. Oublie-t-il l’abandon de la hiérarchie des normes et du principe de faveur qui lui a été accordé par la loi scélérate de François Fillon sur le dialogue social ? Oublie-t-il les assouplissements apportés par François Fillon aux 35 heures dans les TPE ? Et que dire de la suspension d’un certain nombre d’articles de la loi Guigou ? Tous les arbitrages ont, jusqu’à présent, été favorables au MEDEF. Sans parler des décisions concernant les retraites ou l’assurance maladie. Quelle mascarade ! Si le gouvernement a un comportement si négatif, pourquoi le MEDEF préfère-t-il, depuis quelques mois le laisser décider et le Parlement légiférer ? Ce qui, au demeurant, va à l’encontre de tout son argumentaire traditionnel sur la primauté du contrat par rapport à la Loi. Et si on essayait de se parler plutôt que de tenter d’impressionner les médias ou le monde politique ?
La rentrée sociale de la CFE-CGC a commencé, le 30 août, par une rencontre avec Gérard Larcher, ministre délégué aux Relations du travail. L’occasion pour Jean-Luc Cazettes d’insister sur une priorité : « il faut d’abord négocier sur la sécurisation pour les salariés avant de négocier sur les autres sujets. Mais si on ne négocie pas sur la sécurisation, on ne négociera pas sur les autres sujets ». La question des 35 heures étant posée, le président confédéral a estimé qu’il était souhaitable que, dans le cadre des entreprises et des branches professionnelles, soit arrêtée « une garantie collective pour l’ensemble des salariés avant de rentrer dans un débat plus large sur, éventuellement, une remise en cause du temps de travail ». Il est en tout cas, a précisé Jean-Luc Cazettes, « hors de question » de négociation directe entre le salarié et l’entreprise « si on ne verrouille pas au niveau des accords de branche ou interprofessionnel le degré de liberté qui peut être laissé aux entreprises ». Au « Parisien » (30.08.2004), le président confédéral a dit son « sentiment diffus d’inquiétude et d’insécurité sociale ». Sans croire à un conflit de grande ampleur », Jean-Luc Cazettes met en garde contre une « grogne » cristallisée sur « la question des rémunérations ». Il appelle à « l’ouverture de véritables négociations dans les branches professionnelles pour relever les salaires ».
Vu aussi, un sujet qui prend la défense de la Médecine du travail, en attaquant le Medef : C’est le jour des migrations saisonnières que le gouvernement, avec honte, a publié le fruit de sa soumission au MEDEF. Tout ce que le MEDEF a demandé est dans le nouveau texte ! Les médecins du travail vont être étouffés sous l’augmentation de leur charge de travail et, surtout, ils ne pourront plus mettre en évidence ce qui relève des conditions de travail, sachant que le coût des affections d’origine professionnelle représente environ 3 % du PIB. Les conditions de travail seront confiées à des acteurs sans formation ni indépendance vis-à-vis des employeurs. Tant que le gouvernement n’aura pas le courage de mettre en place un contrôle, soit par une gestion paritaire soit par ses services, du fonctionnement des services de santé au travail et surtout de ses flux financiers, comme il l’a proposé le 16 juillet dernier, ils ne seront pas dynamiques... L’institution créée pour protéger le salarié risque de devenir inefficace ou de se décrédibiliser ! Dans les deux cas ce n’est pas bon pour la santé au travail des salariés.
Pas vu quoique ce soit sur l’assurance maladie.
Vu sur le site de la
une approche très différente du même dossier :
Médecine du travail La prévention, axe essentiel du nouveau décret. Le décret du 28 juillet fait couler beaucoup d’encre. Insatisfaite, la CFDT y voit cependant de réelles avancées. Les syndicats de médecins du travail sont mécontents et le font savoir. Le décret n° 2004-760 du 28 juillet 2004 en est la cause. Tous les syndicats professionnels mais aussi la CGT, FO et la CGC crient au décret « catastrophique ».« (...) La CFDT, comme les autres organisations, l’a fermement dénoncé, et nous n’avons pas eu gain de cause »,répond Laurence Théry, secrétaire confédérale au service Santé au travail. « Quant à la visite médicale obligatoire, elle reste annuelle pour les salariés soumis à une surveillance médicale renforcée. En la passant à un rythme de deux ans pour les autres, on peut espérer que le temps gagné permettra aux médecins du travail d’accroître leur présence dans l’entreprise au bénéfice de la prévention. »
Bon ou mauvais décret ? « Sortons de la bataille du quantitatif et allons vers le qualitatif. Ce décret n’est pas parfait mais il comporte des avancées non négligeables qui résultent de revendications propres à la CFDT », indique Laurence Théry. (...)Pour la CFDT, l’axe essentiel de cette réforme - permettre au médecin une action de prévention en milieu de travail - est donc bien présent dans le décret.
Vu aussi, le point sur « Les chantiers en cours » : un premier grand thème sur l’emploi. « La CFDT saura défendre les 35 heures ». La priorité emploi au rendez-vous de la rentrée CFDT. Et un deuxième sur « La prévention des conflits passe par le dialogue social ».
Pas vu quoique ce soit sur l’assurance maladie.
Sur le site de la
, c’est aussi la rentrée, sous forme d’un éditorial qui tourne autour de commentaires prudents sur les effets de la loi de ‘modernisation sociale’ : (...) Ce n’est pas le choix qui manque. Mais ce qui préoccupe le plus nos concitoyens, c’est sans aucun doute les restructurations et délocalisations, les 35 heures et la santé au travail.
Quels meilleurs sujets de négociation pourrions-nous espérer ? A condition bien sûr qu’il soit encore question de négocier. C’est bien là que le bât blesse actuellement. Car trop souvent, lorsqu’un sujet est proposé à la négociation des partenaires sociaux ou fait l’objet d’une concertation avec le gouvernement, ce n’est pas de négociation dont il s’agit mais de voir ensemble à quelle vitesse peut être mise en place la reculade sociale. L’ensemble de nos dirigeants politiques et patronaux semble s’être mis d’accord pour rendre responsables les salariés de tous les maux. Alors que si les salariés peuvent être tenu responsables d’une chose, n’est-ce pas d’avoir largement contribué à la richesse de leurs entreprises ? Revenir sur des acquis sociaux lorsqu’une entreprise va mal, cela peut se comprendre. C’est parfois inévitable. Mais le faire lorsque les bénéfices et les dividendes croissent, c’est inacceptable. Et ce qui l’est encore plus, c’est la manière : le chantage à la délocalisation et l’intimidation. Cette ouverture des frontières à laquelle nous voulons tous croire devra servir à partager nos richesses et non à partager la pauvreté. Œuvrons tous, dans nos entreprises et au plus haut niveau, pour que les trois coups de la rentrée soient le signal d’un nouveau départ et non trois coups assénés sur la nuque des salariés français.
Vu, et d’autant plus vu que c’est le seul site sur lequel on peut voir abordé ce thème, un dossier épais sur l’assurance maladie.
Vu aussi, un dossier sur l’Europe abordé autrement que sur les autres sites. Mais rien vu sur le dossier du rapprochement éventuel de la CMT et de la CISL, qui pourrait être lourd de menaces pour l’avenir de la CFTC !
Vu enfin, d’autres dossiers de fond, sur le CE, les 35 heures, etc. Le tout dégage un sentiment de sérieux technique, professionnel, mais un manque aussi sérieux d’approche politique. Seulement une impression ?
Sur le site de la
, on peut voir une explication concernant la nouvelle présentation du site, d’ailleurs fort réussie : « Bienvenue sur le nouveau site Internet de la Cgt ».
La Cgt veut mettre à la disposition du plus grand nombre, grâce à Internet, la richesse de ses savoirs et expériences dans le domaine social. Internet vous permet de disposer en temps réel des informations de la Cgt, au plus près de votre lieu de travail quand vous avez accès au réseau. C’est un atout précieux pour diffuser l’information autour de vous, pour organiser l’action dans l’entreprise, les territoires et les professions. Dans les prochains mois et à partir de la rentrée, les espaces International, Militant, Droits, une version anglaise, viendront enrichir le premier noyau que nous vous présentons. Nous avons aussi des projets de réseaux, de forums... Ce site deviendra ainsi un véritable lieu d’échanges ». (...)
Vu aussi, sous le titre « la CGT fait sa rentrée » une des explications de cette rentrée sans histoire ou presque - pour l’instant : « Nous allons consacrer notre mois de septembre à rencontrer les syndiqués et les salariés ». Mercredi 1er septembre, Bernard Thibault, secrétaire général de la Cgt, donne le ton de la rentrée. L’heure n’est pas à trouver les grands thèmes fédérateurs, mais bien à discuter de la situation économique et sociale et des revendications à mettre à l’ordre du jour, entreprise par entreprise. Il en sera fortement question lors du Comité Confédéral National qui sera réuni les 29 et 30 septembre.
A l’aide d’un tract national et de fiches argumentaires, la Cgt veut « déculpabiliser » les salariés et « démentir un certain nombre d’affirmations gouvernementales et patronales qui relèvent de la supercherie ». Chiffres et propositions à l’appui, les militants vont discuter salaires, croissance, 35 heures, coût du travail, assurance maladie, retraites, démocratie sociale... Il sera largement question du pouvoir d’achat, des délocalisations, des chantages à l’emploi, qui préoccupent fortement les Français en cette rentrée.
Ces centaines de réunions seront aussi l’occasion de tirer un bilan des luttes menées durant cette dernière période et de débattre du poids et de l’implantation de la Cgt. « Les salariés attendent beaucoup de nous mais tous ne se posent pas la question de donner plus de forces à la Cgt, estime Bernard Thibault.Nous répondrons à leurs attentes en fonction de nos capacités d’action. Mais nous aurons du mal à faire face à nos responsabilités si notre organisation ne trouve pas rapidement les moyens d’une présence plus importante, notamment dans les petites entreprises. C’est tout le sens de notre objectif d’atteindre le million d’adhérents ».
Vu la mise en valeur du prochain Forum social européen d’ATTAC qui se tiendra à Londres du 14 au 17 octobre prochain. La CGT est le seul site qui en parle, et on ne peut s’empêcher de noter le parallèle, voire la connivence, qui existe entre les deux organisations, sur le choix des thèmes et la manière de les exprimer.
Vu sur le site, une affiche de la CGT sur la défense de la Poste, de France Télécom, etc., à la façon d’ATTAC Vu les commentaires que fait La Cgt « indignée par le meurtre de deux inspecteurs du travail »(...)Quelles que soient les circonstances précises de ce drame, il survient dans un climat de dénigrement du Code du travail, des garanties sociales - qui seraient autant d’obstacles à la compétitivité des entreprises ! - et des fonctionnaires chargés d’en contrôler le respect. Les discours récents du président du MEDEF, les diverses mesures législatives ou réglementaires prises ces derniers mois participent de ce climat. Les agressions verbales et physiques à l’encontre des agents des Inspections du travail sont de plus en plus fréquentes et sont très rarement suivies d’une réaction ferme des pouvoirs publics, qui doivent pourtant assistance et protection aux fonctionnaires dans l’exercice de leurs missions. Leurs moyens et conditions d’intervention se dégradent, alors que les violations du droit du travail sont plus nombreuses et plus graves. La CGT rappelle solennellement qu’un corps de fonctionnaires indépendants, disposant d’effectifs et de moyens suffisants, est indispensable à la défense des droits, de la dignité et de la santé au travail des salariés. Elle exige une condamnation sans ambiguïté de ce double meurtre et l’ouverture de négociations sur les mesures permettant d’éviter que de tels actes se reproduisent. Vu une analyse très « traditionaliste », signée Maryse Dumas, qu’il serait difficile de trouver sur un des autres sites maintenant : « Travailler moins pour travailler tous dans de vrais emplois bien rémunérés »
Vu enfin, un titre où l’on retrouve le style CGT qu’on connaît : « Face aux mauvais coup de l’été, la mobilisation s’impose ».
Mais rien vu sur l’assurance maladie.
Vu sur le site de,
un éditorial sur le thème des 35 heures : "LE CHANTAGE À L’EMPLOI NE DOIT PAS MODIFIER LES 35 HEURES" Dans Libération,Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, évoque ce matin les enjeux de la rentrée sociale. Vu, dans la chronique juridique, une note sur l’UES dont personne d’autre ne parle : Chronique juridique Nouvelle approche de l’unité économique et sociale L’unité économique et sociale (UES), qui consiste à regrouper en une seule entité des sociétés juridiquement distinctes ayant certains liens de fait entre elles et présentant une communauté d’intérêts, a été créée par la jurisprudence [...]
Vu également, des préoccupations très internationales :
- Otages en Irak : réaction des syndicats de journalistes
- 36 millions de pauvres aux Etats-Unis
- Allemagne : les syndicats font un pas vers l’indépendance
Vu enfin une mention de la grève - pas vue sur d’autres sites - pour le 7 septembre à propos de France Télécom :
Grève le 7 septembre. Après l’annonce par le gouvernement de la privatisation de France Télécom, toutes les fédérations syndicales des Postes et Télécommunications (FO, CGT, SUD, CFDT, CFTC et CGC) ont appelé hier les salariés de l’opérateur public à une grève de 24 heures[...]
Mais rien vu sur l’assurance maladie.
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